quelle heure il était, mais la bergère connaissait l’heure par le soleil : elle dit à Aurore de venir dîner.
« Ma mère, dit cette belle fille à la bergère, vous dînez de bonne heure, il n’y a pas longtemps que nous sommes levées.
— Il est pourtant deux heures, reprit la bergère en souriant, et nous sommes levées depuis cinq heures ; mais, ma fille, quand on s’occupe utilement, le temps passe bien vite, et jamais on ne s’ennuie. »
Aurore, charmée de ne plus sentir l’ennui, s’appliqua de tout son cœur à la lecture et au travail ; et elle se trouvait mille fois plus heureuse, au milieu de ses occupations champêtres, qu’à la ville.
« Je vois bien, disait-elle à la bergère, que Dieu fait tout pour notre bien. Si ma mère n’avait pas été injuste et cruelle à mon égard, je serais restée dans mon ignorance, et la vanité, l’oisiveté, le désir de plaire, m’auraient rendue méchante et malheureuse. »
Il y avait un an qu’Aurore était chez la bergère, lorsque le frère du roi vint chasser dans le bois où elle