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le manger. Ils l’enchaînèrent dans une cabane, et chargèrent Marie de lui porter à manger. Comme elle savait qu’il devait être bientôt mangé, elle en avait grande pitié, et, le regardant tristement, elle dit : mon Dieu, mon père, ayez pitié de lui. Cet homme blanc qui avait été fort étonné, en voyant une fille de la même couleur que lui, le fut bien davantage, quand il lui entendit parler sa langue et prier un seul Dieu. Qui vous a appris à parler français, lui dit-il, et à connaître le bon Dieu ? Je ne savais pas le nom de la langue que je parle, répondit-elle, c’était la langue de ma mère, et elle me l’a apprise ; pour le bon Dieu, nous avons deux livres qui en parlent, et nous le prions tous les jours. Ah ! ciel ! s’écria cet homme, en levant les yeux et les mains au ciel, serait-il possible ? Mais, ma fille, pourriez-vous me montrer les livres dont vous me parlez ? Je ne les ai pas, lui dit-elle ; mais je vais chercher, mon frère, qui les garde, et il vous les