Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(221)

leurs prisonniers, et qu’ils adoraient un grand vilain singe qui avait plusieurs Sauvages pour le servir, en sorte qu’ils étaient bien fâchés d’être venus demeurer chez ces méchantes gens. Cependant le roi voulait absolument épouser Marie, qui disait à son frère : j’aimerais mieux mourir que d’être la femme de cet homme là. C’est parce qu’il est bien laid que vous ne l’épouserez pas, disait Jean. Non, mon frère, lui disait-elle ; c’est parce qu’il est méchant. Ne voyez-vous pas qu’il ne connaît pas notre père le bon Dieu ; et, qu’au lieu de le prier, il se met à genoux devant ce vilain singe. D’ailleurs, notre livre dit qu’il faut pardonner à ses ennemis, et leur faire du bien, et vous voyez qu’au lieu de cela, ce méchant homme fait mourir ses prisonniers et les mange.

Il me prend une pensée, dit Jean ; si nous tuyions ce vilain singe, ils verraient bien que ce n’est pas un Dieu ? Faisons mieux, dit Marie ; notre livre dit que Dieu accorde toujours les choses qu’on