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sont faits que pour eux, et quand leurs sujets les voient si magnifiques, ils les respectent davantage. En même tems, elle fit passer ses deux amans dans une grande salle. Je vais vous montrer, leur dit-elle, les portraits de plusieurs princes qui ont été mes favoris. En voilà un qu’on nommait Alexandre, que j’aurais épousé ; mais il est mort trop jeune. Ce prince, avec un fort petit nombre de soldats, ravagea toute l’Asie, et s’en rendit maître. Il m’aimait à la folie, et risqua plusieurs fois sa vie pour me plaire. Voyez cet autre, on le nommait Pyrrhus. Le désir de devenir mon époux l’a engagé à quitter son royaume pour en acquérir d’autres ; il courut toute sa vie, et fut tué malheureusement d’une tuile, qu’une femme lui jeta sur la tête. Cet autre se nommait Jules César : pour mériter mon cœur, il a fait pendant dix ans la guerre dans les Gaules ; il a vaincu Pompée, et soumis les Romains. Il eût été mon époux ; mais, ayant, contre mon conseil, par-