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reuses de trouver du pain auprès de moi. Celle méchante fille avait sur-tout une femme-de-chambre, qu’on nommait Mira, qui était son souffre-douleur ; cependant c’était la meilleure créature du monde ; et, malgré les mauvaises façons de sa maîtresse, elle lui était fort attachée ; elle excusait ses défauts tant qu’elle pouvait, et elle eût donné tout son sang pour la rendre plus raisonnable. Élise eut un voyage à faire par mer ; et, comme c’était pour une affaire pressée, et qu’elle ne devait pas y être long-tems, elle ne prit avec elle que sa femme-de-chambre. À peine fut-elle en pleine mer, qu’il s’éleva une grande tempête qui éloigna le vaisseau de sa route. Après qu’il eut couru la mer pendant plusieurs jours, ceux qui conduisaient le vaisseau aperçurent une île ; comme ils ne savaient où ils étaient, et qu’ils n’avaient plus de vivres, il fallut y aborder. En entrant dans le port, une chaloupe vint au-devant d’eux, et ceux qui étaient dans cette chaloupe deman-