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trompaient ainsi leur roi George, et le berçaient perfidement du plus absurde espoir sur la réduction de l’Amérique ?

L’intrigue ou la perfidie de la France dirigea-t-elle les efforts vigoureux d’un peuple élancé vers la liberté par la tyrannie, quand les vaisseaux anglais furent si fièrement renvoyés en Europe ? Fut-ce la France encore qui échauffa l’obstination anglaise à les ramener en Amérique, et celle des Américains à les refuser, à en brûler les cargaisons ?

Et la rupture ouverte entre les deux peuples, et les armements réciproques, et l’affaire honteuse de Lexington, et celle de Bunkershill, et la lâcheté des anglais d’armer les esclaves contre les maîtres en Virginie, et celle encore plus grande d’y contrefaire les papiers-monnaies pour les discréditer, espèce d’empoisonnement inconnu jusqu’à nos jours ; et toutes les horreurs qui ont porté l’Amérique à publier enfin son indépendance, à la soutenir à force ouverte, ont-elles été le fruit de l’intrigue et de la perfidie française, ou celui de l’avidité, de l’orgueil, de la sottise et de l’aveuglement anglais ?

Vit-on la France alors se permettre d’user des droits du plus ancien, du plus profond, du plus juste ressentiment, pour fomenter chez ses voisins malheureux la révolte et le trouble ?

Spectatrice tranquille, elle oublia tous les manques de foi de l’Angleterre, et les intérêts de son propre commerce, et la grande raison d’État qui permet, qui peut-être ordonne de profiter des divisions d’un ennemi naturel pour entretenir sa détresse ou provoquer son affaiblissement, quand une expérience de plus d’un siècle a prouvé que nul autre moyen ne peut le rendre juste et loyal envers nous.

Ainsi, quoique le palais de Saint-James ne méritât, comme on voit, aucun des égards que celui de Versailles lui prodiguait en cette occasion si majeure, la France n’en resta pas moins rigoureusement indifférente et passive sur les querelles intestines de son injuste rivale.

Elle fit plus. Pour tranquilliser cette rivale inquiète, elle déclara qu’elle garderait la neutralité la plus exacte entre les deux peuples, et l’a religieusement gardée jusqu’au moment où la raison, la prudence, la force des événements, et surtout de sa propre sûreté, l’ont obligée, sous peine d’en être victime, à changer publiquement de conduite, à se montrer ouvertement sous un autre aspect.

Mais pourquoi l’Angleterre, à l’instant de la neutralité, n’osa-t-elle pas l’envisager comme un manque de foi de la France, et la lui reprocher comme une infraction aux traités subsistants ? C’est qu’elle savait bien que la question qui soulevait ses colonies ne pouvait pas s’assimiler à ces mouvements séditieux que le succès même ne justifie point, et que le prince a droit de punir dans des royaumes plus absolus.

C’est que le nom générique roi, dont la latitude est si étendue qu’aucun de ceux qui s’en honorent n’a un état, un sort, unpouvoirni des droits semblables ; c’esl que ce nom, si difficile à ayant une acception absolument différente dans lespayssoumis.ni gouvernement d’un seul, tels que la paisible monarchie française, et dans les gouvernements mixtes et turbulents, tels que la royal-arislo-démocralie anglaise ; l’acte qui, du Languedoc ou de l’Alsace, en France, eût été justement regardé chez nous comme un crime de lèseau premier chef, n’était en Angleterre qu’une simple question de droit, soumise à I examen de tout libre individu.

C’est que le refus, de par le roi, île faire justice à i vu ; rî que, et le redressement à coups de canon de ses longs griefs, y devaient être envisagés comme un des plus grands abus du pouvoir, comme la subversion totale des lois constitutives, et l’usurpation la plus dangereuse pour un pi nue de la maison de Brunswick : car il ne devail pas oublier qu’un pareil soulèvemenl avait fait passer la couronne en sa maison, mais à condition de la porter comme kincj anglais, et non à la manière du roi de France.

C’est que la réclamation véhémente des colonies sur le droit de n’être jamais taxé sans r tants, et celui d’être toujours jugé par ses pairs, sous la forme des jurés, avait trouvé tant de partisans en Angleterre, qu’elle tenait et tient encore la nation très-divisée sur un objet si intét i étal civil de chaque citoyen anglais. C’est que, même aux assemblées du parlement. et dans quelques ouvrages des boni s le— plu, ; respectés des deux chambres, on a porté le doute àcesujetau point d’agiter haulementsilesAnglais ne sont pas plus rebelles à la Charte commune et constitutive que— les Américains.

C’est que milord Abingfon, l’un des hommes les plus justes et les plus éclaires d’Angleterre, a été ii | i à proposer, en pleine chambre, à toute l’opposition, de se retirer du parlement, et d’i i’i

ur les registres, pour cause de leur sécession mol

nouveau qu’il fit exprès pour exprimer cette insurrection nationale), que le parlement et le prince avaient de beaucoup passé leur pouvoir en cette guerre ; que le parlement surtout, composé des représentants du peuple anglais, n’avait pas dû jouer la farce odieuse des valets-maîtres, el sacrifier l’intérêt de ses commettants à l’ambition du prince et des ministres.

C’est que, danslecas d’un pareil abus, le p : uple avait droit, dit-il, de retirer un pouvoir aussi mal administré, parce qu’à lui seul appartient la décision d’une guerre comme celle d’Amérique, en sa qualité de législateur suprême et de premier fondateur de la constitution anglaise.