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DRAMATIQUE SERIEUX. 143 Diderot, c'est vous qui le premier avez fait une règle dramatique de ce moyen sûr et rapide de re- jnuer l'aine des spectateurs. J avois osé le {)révoir dans mon plan ; mais c'est la lecture de votre im- mortel ouvrage qui m'a rassuré sur son eiïet. Je vous ai Tohli^atiou d'en avoir osé faire la base de tout l'iaterêt de mon ilrame. Il pouvoii èlrepliis adroitement mis en oeuvre ; mais la foiblesse de l'application n'en jirouve que mieux reflicacilé du moyeu.

En effet, dès qu'on sait qu'Eugénie est enceinte ; qu'elle se croit cl n'est pas la femme de Clarendon; qu'il doit en épouser une autre demain ; que le frère de cette infortunée est à Londres secrètement et peut arriver duu moment à l'autre ; que son père ignore tout, et va peut-être l'ajïprendre à l'instant ; ou jiievoit qu'une catastrophe affieuse se:a le fruit du premier C')up de lumière qui éclairera les per- sonnages. Alors le moindre mot qui tend à les tirer de l'ignorance oii ils sont les uns à i'égard des autres jette le spectateur dans un trouble dont il est sur- pris lui-mèine. Coiume le danger qu'ils ignorent est toujours présent à ses yeux, qu'il espeie ou craint long-leiups avant eux, il approuve ou blâme leur conduite. 11 voudroit avertir celle-ci , arrêter celui- là. .l'ai vu des gens sensibles et naïfs, .'lux représen- tations de cette pièce, s'écrier dans les instants oii Eugénie, abusée, trahie, est en pleine scc'urité , Ah! la pauvre malheureuse! Dans ceux ou le lord éJude les questions qu'on lui fait, échappe aux soupçons , et emporte l'estime et l'amour de ceux qu'il trompe, je les ai entendus crier, V'i-t'vn ^scé- IcTut ! La vérité qui presse , arrache ces expressious involontaires, et voilà l'éloge qui plaît à l'auteur et le paie de ses peines. L'on doit sui-tout rei;i.;rf;uer . que les morceaux qui ont déchire l'ame dans cette I. }

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