Quand je disais là-haut que c’était lui !…
LE COMTE, en colère.
Hé bien, Madame !
LA COMTESSE.
Hé bien, Monsieur ! vous me voyez plus surprise que vous, et, pour le
moins, aussi fâchée.
LE COMTE.
Oui ; mais tantôt, ce matin ?
LA COMTESSE.
Je serais coupable, en effet, si je dissimulais encore. Il était
descendu chez moi. Nous entamions le badinage que ces enfans viennent
d’achever ; vous nous avez surprises l’habillant ; votre premier mouvement
est si vif ! il s’est sauvé, je me suis troublée ; l’effroi général a fait
le reste.
LE COMTE, avec dépit, à Chérubin.
Pourquoi n’êtes-vous pas parti ?
CHÉRUBIN ôtant son chapeau brusquement.
Monseigneur…
LE COMTE.
Je punirai ta désobéissance.
FANCHETTE étourdiment.
Ah ! Monseigneur, entendez-moi. Toutes les fois que vous venez
m’embrasser, vous savez bien que vous dites toujours : Si tu veux
m’aimer, petite Fanchette, je te donnerai ce que tu voudras.
LE COMTE, rougissant.
Moi ! j’ai dit cela ?
FANCHETTE.
Oui, Monseigneur. Au lieu de punir Chérubin, donnez-le-moi en mariage,
et je vous aimerai à la folie.
LE COMTE, à part.
Être ensorcelé par un page !
LA
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