Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/291

Cette page n’a pas encore été corrigée

vîte.

Oui ; nous nous marions séparés de biens.

FIGARO, vîte.

Et nous de corps, dès que mariage n’est pas quittance. (les juges se
lèvent et opinent tout bas.)

BARTHOLO.

Plaisant acquittement !

DOUBLE-MAIN.

Silence, Messieurs.

L’HUISSIER, glapissant.

Silence.

BARTHOLO.

Un pareil fripon appelle cela payer ses dettes !

FIGARO.

Est-ce votre faute, Avocat, que vous plaidez ?

BARTHOLO.

Je défends cette demoiselle.

FIGARO.

Continuez à déraisonner ; mais cessez d’injurier. Lorsque, craignant
l’emportement des plaideurs, les tribunaux ont toléré qu’on appelât des
tiers, ils n’ont pas entendu que ces défenseurs modérés deviendraient
impunément des insolens privilégiés. C’est dégrader le plus noble
institut. (Les juges continuent d’opiner bas.)

ANTONIO, à Marceline, montrant les juges.

Qu’ont-ils tant à balbucifier ?

MARCELINE.

On a corrompu le grand juge, il corrompt l’autre, et je perds mon
procès.

BARTHOLO, bas, d’un ton sombre.

J’en ai peur.

FIGARO, gaiement.

Courage, Marceline.

DOUBLE-MAIN se lève ; à Marceline.

Ah, c’est trop fort ! je vous dénonce ; et pour l’honneur