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ANITA

s’il se rappelait, par hasard, les circonstances de notre première entrevue à Lampasas, en 1866.

Il se remettait ma figure et il me demanda de vouloir bien lui rafraîchir la mémoire par un récit circonstancié des événements qui avaient marqué notre première rencontre.

Je lui redis mon histoire, et il me félicita d’avoir pu, en des temps aussi difficiles, m’en tirer avec la vie sauve.

Nous causâmes longuement, et il m’avoua que j’avais eu une chance toute particulière de ne pas l’avoir rencontré quinze jours plus tard.

Je lui en demandai la raison.

— Ma brigade quitta Lampasas, le lendemain de votre départ pour Santa Rosa, me répondit-il. Nous nous rendions à Durango avec le dessein d’attaquer le colonel Jeanningros, qui s’y trouvait en garnison avec un bataillon de la Légion étrangère. Nous attaquâmes avec des forces supérieures, et force fut au brave colonel d’évacuer la ville et de se retirer devant nos troupes. Nous avions raison de croire que nous resterions en possession du pays, au moins pour quelques jours, les troupes françaises se trouvant alors en grande partie occupées dans les Terres Chaudes. Nous avions compté sans Dupin qui rôdait dans ces parages. Deux jours après notre entrée, Jeanningros, que nous croyions en pleine déroute, revint à la