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Le nombre des morts alla de douze à quinze par jour. La peste ne quitta plus l’armée pendant tout le siége de Saint-Jean-d’Acre, où elle exerça le plus ses ravages, autant dans notre camp que dans la ville, ainsi que parmi les habitans de Gaza et de Jaffa. Les Arabes du désert voisin de la mer n’en furent pas exempts ; elle régnait dans les lieux bas, marécageux, et dans ceux qui bordent la mer ; les montagnes seules étaient un asile assuré contre ce fléau.

Autant que possible, on nous dérobait soigneusement la vue de ceux qui en étaient atteints. Outre les symptômes connus, il survenait dans les aines, les aisselles et d’autres parties du corps, des tumeurs désignées sous le nom de bubons ; d’autres fois il se formait des charbons, ou seulement des taches d’abord rouges, puis noires, connues sous le nom de pétéchies. Quelquefois les signes étaient si subits et si alarmans, que le malade mourait en quelques heures ; mais alors il ne paraissait aucun symptôme extérieur.