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une belle voix, ma fine, une voix douce et claire comme la rosée qui, chaque matin, tombe goutte à goutte sur mon lit de fougères ! Elle chante encore dans ma tête ! Le bois, la lande, tout s’est tû pour l’écouter… Pourtant je suis en colère. Personne n’a le droit de réveiller, quand je dors, les échos de cette forêt.

Il chante.

Tant qu’un peu de jour luit encor
Ce bois est à quiconque y vient.
Tant qu’en peu de jour luit encor,
Quiconque y pleure, y rit, y dort,
Qu’il soit turc, tailleur ou chrétien.
Mais la nuit, ah ! la nuit,
Quand vient de sonner « la minuit »,
Ici, je suis le roi.
Fou qui serais assez hardi
Pour m’éveiller, tant pis pour toi.
Quand vient de sonner « la minuit »
Le maître ici, c’est moi.

Il parle

Quel que soit celui qui a chanté et qui, en chantant, m’a réveillé, gare à lui ! Je l’écraserais sous l’une ou l’autre de ces grosses pierres, s’il s’avisait, avant le jour, de troubler encore mon sommeil. J’ai faim de chair et soif de sang humains !

Il se retire, en chantant comme plus haut.



Scène III

Alanik sortant du menhir.

Eh bien, en voilà un ogre ! Sûrement, il m’avalerait tout cru, sans s’étrangler ! Dieu merci, j’avais mon bâton, mon bâton enchanté ; il m’a suffi d’en toucher ce menhir, aussitôt il s’est entr’ouvert pour m’offrir un asile.

Le Sorcier de loin.

Nous approchons ! Nous approchons !