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Alanik, s’éveillant

Tiens !… Où suis-je ? Ah ! je me souviens : voici le bois ; là-bas, la lande… et ces menhirs si noirs dans les ténèbres. Il fait nuit, nuit sombre ! La lune n’a pas encore jeté sur la terre un seul de ses rayons… J’ai dormi trop longtemps. Ah ! quel beau rêve je faisais ! La vie semblerait si courte, si belle, si on rêvait ainsi toujours. Je traversais un champ de blé-noir fleuri ; un moine m’apparut, tout blanc de la tête aux pieds, qui me donna un bâton, celui que j’ai là, dans la main, en me disant : « Prends ce bâton ; il te garantira de tout danger : en lui tu trouveras ta force et ta joie ! » Ainsi parlait le moine blanc. Il a disparu, hélas, mais le bâton me reste. Quelque méchant qu’il soit, je ne crains plus le Loup-Garou. Aussi bien, existe-il un Loup-Garou dans la forêt de Saint Bieuzy ?

Il chante.

Ohé, Garou, ohé !
Si tu tiens à ne pas mourir,
Mieux vaut pour toi rester dormir
Car de ma main tu vas périr
Ohé, Garou, ohé !



Scène II

Le Garou de loin.

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Ah ! Ah ! Ah ! Voilà mon souper, voilà mon souper !

Alanik

Ô mon Dieu, qui vient là ? Quelle voix ! C’est le diable, à coup sûr ! Fuyons vite ! Où me cacher ? Mon Dieu, mon Dieu ! Ah ! voici ! Derrière ce grand menhir…

Le menhir qu’il touche de son bâton s’ouvre instantanément pour le cacher.

Le Garou

Ah ! Mille malédictions !… Tiens ! Personne ! C’est étrange ! Mes oreilles ne se sont pourtant pas trompées !…Personne, pas un chat ! Je dormais, j’ai entendu chanter.