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ALAMANDUS.

Oderic Raynaldus a prétendu qu’il se repentit de tout ce qu’il avait fait dans le concile de Bâle ; mais on ne saurait donner nulle preuve de ce repentir[a], ni contredire ce point de fait, qu’un an avant sa mort[b] il fut un de ceux qui, au concile de Lausanne, parlèrent du concile de Bâle comme d’une assemblée sainte et sacrée[c]. Il mourut à l’âge de soixante ans[d], le 16 de septembre 1450[e]. Les uns disent que ce fut en Savoie, à l’abbaye de Hautecombe, où les moines lui bâtirent une chapelle, et l’invoquèrent durant la célébration de la messe[f] ; les autres disent qu’il mourut à Salon [g]. Son corps est à Arles : la bulle de Clément VII en permit la translation des lieux humides et souterrains à tout autre plus commode dans la même église. Je vois des gens qui assurent, après Jacques-Philippe de Bergame[h], que Louis Alamandus publia plusieurs opuscules dignes de lui ; mais je ne vois personne qui marque le titre de ces opuscules, ni les bibliothéques où ils sont[* 1].

Les jansénistes qui ont critiqué Oderic Raynaldus au sujet du prétendu repentir de notre Louis Aleman, se sont exposés eux-mêmes à la censure (D).

  1. * Joly remarque qu’aucun outrage de ce cardinal n’était connu avant 1739, que le père Montfaucon mit au jour sa Bibliotheca bibliothecarum Manuscriptorum nova, où il apprend que l’on conserve à Bâle une Pièce du Cardinal.

    XI, part. I, pag. 79, 80. Edit. Cantabr., ann. 1689, in-fol.

  1. Launoius, ibid., pag. 81.
  2. C’était l’an 1449
  3. Sacri Basileensis Concilii Diploma Concilii Lausanensis, apud Raynaldi Annal. Ecclesiast., ad ann. 1449.
  4. Voyez la Bulle de Clément VII, dans Laun. Epistolar, pag. 79, 80.
  5. Ex ejus Epitaphio.
  6. Petrus Monodus in Amedeo Pacifico, cap 86 (il fallait dire 76), apud Laun. Epist., pag. 81.
  7. Moréri.
  8. Jacobus Philippus Bergom. Chronicor. lib. XV.

(A) La réponse..... d’un Polonais vaut la peine d’être lue. ] « Quelle comparaison ! » s’écria-t-il lorsqu’on lui proposa l’exemple de Louis Alamandus. « Vous me parlez d’un Français, sobre, qui n’a point de ventre, ou, pour mieux dire, qui n’est point homme : je puis voir à travers le rideau qui nous sépare tout ce qu’il fait ; je ne l’ai jamais vu encore, ni manger ni boire ; il ne dort ni nuit ni jour, il lit perpétuellement, ou il négocie ; il ne songe à rien moins qu’à son ventre : ce n’est point mon homme ; je n’ai rien de commun avec de semblables gens. » Quos inter (ce sont les paroles d’Enée Silvius au sujet de la nourriture de ceux qui étaient entrés dans le conclave) Cracoviensis archidiaconus diminutionem (cibariorum) tulit. Cui cùm aves et arietinæ carnes afferrentur, substractæ aviculæ sunt, orante in portâ famulo ut quod plus esset, id Domino dimitteretur ; sperabat namque ex ariete partem, ex avibus autem non sperabat : Dominus tamen aviculam præoptâsset. Ideòque cùm spolium sensit, utique conquestus est publicèque testatus, nunquàm se diem, postquàm Sacerdos fuit, tulisse pejorem. Ac cùm rogaretur ne admirationem haberet, quoniam id obtigisset cardinali Arelatensi. « Proh ! inquit, cardinalem mihi æquiparas, hominem gallicum, parcum, eventrem, aut, ut veriùs loquar, non hominem. Ego apud eum meo infortunio sum locatus, omnia quæ facit perlustris mihi cortina indicat, nec adhuc bibere eum, aut comedere vidi ; et quod mihi molestius est, insomnes noctes insomnesque dies ducit (quamquàm nulla est apud nos dies) aut legit semper, aut negotiatur. Nulla ci minor quàm ventris est cura : mihi nihil cum eo commune est[1]. » Voilà comment sont bâtis ceux qui

  1. Æneas Silvius, de Gestis Basileensis Concilii, lib. II.