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AYRAULT.

imprima cette traduction à Lyon, l’an 1544, in-16[1].

Voici un supplément : « Les vers français de Pierre d’Ailli, desquels la Croix du Maine a parlé, sont au nombre de trente-deux seulement, et contiennent une courte description de la vie d’un tyran. Nicolas de Clémangis en a fait une paraphrase en vers latins hexamètres, imprimée avec les français de Pierre d’Ailli, à la fin du livre intitulé le Mépris de la Cour, traduit de l’espagnol de Guévare, en français, italien et allemand, à Genève, in-16, chez Jean de Tournes, en 1605. La paraphrase de Clémangis se voit aussi à la fin de ses épîtres, page 355 de l’édition de Leyde. À l’égard de la traduction d’Antoine Bélard, Antoine du Verdier, page 51 de sa Bibliothéque, dit que c’est en 1542 qu’elle fut imprimée, chez Denys de Harsi, in-16, à Lyon, [2]. »

  1. Launoii Hist. Gymnasii Navarræ, p. 479.
  2. M. de la Monnaie, Remarques MSS.

AIMON, prince des Ardennes, a été, dit-on[a], le père de ces quatre preux que nos vieux romans ont tant chantés. On les appelle ordinairement les quatre fils Aimon. Ils n’avaient qu’un cheval à eux quatre, nommé Bayard. Je ne parlerais pas d’une chose qui ne passe que pour un conte à dormir debout, si je n’avais à dire que ces grotesques de nos vieux romanciers et les fables qu’ils ont écrites de nos paladins, ont fait irruption dans le sanctuaire. La superstition des peuples les a introduites dans la religion ; et si quelqu’un avait dit à ces impertinens écrivains, nugæ seria ducent in mala[b], il n’aurait pas été un mauvais devin. L’histoire de Luxembourg, composée par Jean Bertels, abbé d’Epternach, nous apprend que Renaud, l’aîné de ces quatre frères, a été martyrisé pour le nom de Jésus-Christ, qu’il a été canonisé, que l’Église célèbre sa fête, et qu’on lui a consacré des temples, et entre autres l’église de Saint-Renaud, dans le pays de Cologne, à laquelle est annexé un couvent de filles. On voit aussi à Cologne l’église du même saint, auprès de celle de Saint-Maurice ; et dans cette église, l’image des quatre frères sur la muraille. Ils sont sur le même cheval, et leur aîné Renaud a un diadème[* 1] autour de la tête, comme une marque de sa sainteté. On prétend qu’après avoir été un grand guerrier sous Charlemagne, il se fit moine à Cologne [c], qu’il mourut martyr, et qu’à cause qu’il fit des miracles après sa mort, on lui bâtit une église[d].

  1. (*) Le mot d’usage est auréole, du latin aureola, employé en cette signification, mais bien ironiquement, par l’université de Cracovie, dans ces paroles de la page 585 du T. I (2. édit. Amst. 1726 ) de l’Histoire du concile de Constance de M. Lenfant. Si fines inclyti regni Poloniæ tanquàm vulpeculæ..…. subintrare satagerent (Hussitæ) non segniùs apud nos ac apud vos facibus flammeis vestiti, pro suis dogmatibus ignitas exciperent aureolas. Voyez Ménage, au mot Auréole de son Dict. Etym. Rem. crit.
  1. Johan. Bertels, Hist. Luxemb. in Descript. oppidi Chimiachi.
  2. Horat. de Arte Poëticâ.
  3. Ferrarius in Catal. Sanctorum, ad 7 januar.
  4. Voyez Voetii Disput. Theol., tom. III, pag. 508.

AYRAULT (Pierre), en latin Ærodius, lieutenant criminel au siége présidial d’Angers, sa patrie, naquit l’an 1536. Il fit ses humanités et son cours de philosophie à Paris ; ensuite il fut étudier en droit à Toulouse ; d’où il passa à Bourges, pour profiter des leçons de Duarénus, de Cujas et de Doneau, trois des