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ACONCE.

tude de Bartole, de Balde, et de semblables écrivains barbares, et plusieurs années à la cour[a].

La lettre d’Aconce, qui a été publiée l’an 1606[b], fait voir un esprit exact qui entendait la bonne logique. Elle est datée de Londres, le 5 de juin 1565, et sert d’éclaircissement à une chose qu’il avait dite de Sabellius, et qui avait été critiquée. Notez qu’encore que la plupart des théologiens protestans regardent cet homme avec horreur, il y en a parmi eux qui l’ont fort loué (F).

    Castiglioni qui publia une pièce italienne de lui, intitulée : Una Esortazione al timor di Dio, con alcune rime italiane, nuovamente messe in luce : Londres, sans date.

  1. Idem, ibid.
  2. Par M. Crénius, à la page 132, et suiv. de la IIe. partie des Animadversiones Philologicæ et Historicæ.

(A) À la tête du livre qu’il lui dédia. ] Au lieu d’épître dédicatoire, il se contenta d’une inscription canonisante, qui commence par Divæ Elisabethæ, Angliæ, Franciæ, Hiberniæ Reginæ Il déclare qu’il lui dédie son livre, afin de lui témoigner sa gratitude : In signum memoriamque grati animi ob partum ejus liberalitate, quùm in Angliam propter Evangelicæ veritatis professionem extorris appulisset, humanissimèque exceptus esset, litterarum otium. Il dit dans sa lettre à Wolfius, que sa pension soulageait en quelque sorte son indigence, et lui donnait quelque loisir pour étudier : Ut autem quicquid est operæ id istam in artem (muniendorum oppidorum) conferrem, ex parte privatis sum rationibus adductus, etenim in hoc voluntario meo exilio inopiam UTCUNQUE sublevat, et otii ad alia studia suppeditat NONNIHIL, impetrato mihi ab hujus sapientissimæ atque optimæ Reginæ liberalitate honesto stipendio [1]. Quelles restrictions ! et qu’elles marquent qu’il est difficile de contenter les exilés !

Notez qu’il obtint cette pension, non pas en qualité de théologien, mais en qualité d’ingénieur : cela paraît par la raison qu’il allègue pourquoi il donnait son temps à un ouvrage de la fortification des villes.

(B) Qui est une bonne pièce. ] C’est le jugement qu’en a fait un savant cartésien[2], dans une lettre qu’il écrivit au père Mersenne, peu après que les Méditations de M. Descartes eurent vu le jour. « Il témoignait goûter sur toutes choses la méthode avec laquelle M. Descartes avait traité son sujet ; il en admirait les propriétés, et relevait les avantages qu’elle avait sur celle des écoles ordinaires : mais surtout, il estimait son jugement et les raisons pour lesquelles il avait préféré la méthode analytique ou de résolution, à la méthode synthétique ou de composition, tant pour enseigner que pour démontrer. Il n’avait encore trouvé rien de semblable jusque-là hors le petit livre de la Méthode, composé par Jacques Acontius, qui, outre cet excellent traité, avait encore donné un bel essai de la méthode analytique, dans son livre des Stratagèmes de Satan, qu’il conseille de lire à tous ceux qui aiment la paix de l’Église, quoique Acontius n’y soit pas exempt des préjugés de sa communion, et qu’il ait eu intention d’y favoriser ceux de son parti[3]. » Cette petite pièce d’Aconce, sous le titre de Methodus sive recta investigandarum tradendarumque Artium ac Scientiarum ratio, fut insérée, l’an 1658, dans un recueil de dissertations de Studiis benè instituendis, qui fut imprimé à Utrecht.

(C). Qu’on allait passer dans un siècle encore plus éclairé que celui où il vivait. ] Il faut l’entendre lui-même : Voici ce qu’il dit après avoir touché les autres raisons qui rendaient fort difficile l’exécution de son projet. Intelligo etiam me in seculum incidisse cultum præter modum ; nec tam certè vereor eorum, qui regnare nunc videntur, judicia, quàm exorientem quandam seculi adhuc paulò cultioris lucem pertimescor. Etsi enim multos habuit habetque ætas nostra viros præstantes,

  1. Acontii Epist. ad Wolfium, de Ratione edendorum librorum, pag. 411.
  2. Heulnerus. Sa lettre est datée du 29 d’août 1641. Voyez Baillet, Vie de Descartes, tom. II, pag. 128
  3. Baillet, là même.