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ACHILLE.

en treize volumes in-4o., est fort estimé de ceux qui cherchent à éclaircir dans un grand détail les matières ecclésiastiques ; mais on n’y trouve guère de traités qui n’aient été composés depuis la décadence de l’empire romain en Occident. Le même auteur a publié la Règle des Solitaires, composée par le prêtre Grimlaïc, et quelques ouvrages ascétiques (A). Ses préfaces et ses petites notes font voir qu’il avait de l’habileté. Il a eu part[* 1] au travail critique qui paraît dans les premiers volumes des Actes des saints de l’ordre de saint Benoît, et c’est à lui et au P. Mabillon que le titre de ces actes attribue le travail de les avoir assemblés et publiés. Luc d’Acheri mourut à Paris le 29 avril 1685, dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où il avait été bibliothécaire[a].

  1. * Joly reproche à Bayle de faire la part du P. d’Acheri trop petite.

    28 de février 1678, pourquoi ce Spicilége n’a pas été continué.

  1. Voyez le Journal des Savans du 26 de novembre 1685 ; et M. Baillet, tom. III des Jugem. des Savans, pag. 518.

(A) Et quelques ouvrages ascétiques.] Il ne mit pas son nom au recueil qu’il en publia,[* 1] et dont je m’en vais donner le titre, tel que je le trouve dans la Bibliotheca Bibliothecarum du P. Labbe. Asceticorum, vulgò spiritualium, Opusculorum, quæ inter Patrum Opera reperiuntur, Indiculus Christianæ pietatis cultoribus ab Ascetâ Benedictino Congregationis sancti Mauri digestus. Parisiis, in-4°, 1648. M. Teissier, dans ses additions à cet ouvrage du P. Labbe, dit que Luc d’Acheri publia la Vie de saint Augustin,[* 2] à Paris, en la même année.

  1. * Le titre même de l’ouvrage, dit Joly, prouve que ce n’est point un recueil, mais un catalogue raisonné.
  2. * Il fallait, dit Joly, ajouter moine et apôtre de la Grande-Bretagne.

ACHILLE. Il y a eu plusieurs personnes de ce nom. Le premier qui l’ait porté n’avait point d’autre mère que la terre, et rendit un fort bon office à Jupiter ; car, ayant reçu la déesse Junon dans son antre lorsqu’elle fuyait les poursuites amoureuses de ce dieu, il lui tint des discours si persuasifs, qu’elle consentit à consommer le mariage (A). On ne nous a point appris comment elle témoigna sa gratitude à un hôte qui sut lui inspirer une telle docilité ; mais nous savons que Jupiter, en reconnaissance de ce service, promit à Achille que désormais tous ceux qui s’appelleraient comme lui feraient parler d’eux. C’est pour cela que le fils de Thétis a été célèbre. Le précepteur de Chiron se nommait Achille, et de là vint que Chiron imposa le nom d’Achille au fils de Thétis, son disciple. Cela seul suffirait pour renverser toutes ces étymologies froides et forcées du mot Achille, que l’on fait dépendre des qualités personnelles du fils de Thétis (B) L’inventeur de l’ostracisme parmi les Athéniens s’appelait Achille. Un fils de Jupiter et de Lamie porta ce nom. C’était un si bel homme, que, par sentence du dieu Pan, il remporta le prix de beauté qu’on lui disputait. Vénus, indignée de ce jugement, rendit Pan amoureux d’Écho, et le changea de telle sorte (C) qu’il devint un objet affreux. Un autre Achille, fils de Galate, vint au monde avec des cheveux blancs. Il y a eu cinquante-quatre autres Achilles très-renommés, deux desquels ne se distinguèrent que par des actions de chien[a]. Nous

  1. Tiré du VIe. Livre de Ptolomée, fils