Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T16.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée
299
PIÈCES JUSTIFICATIVES.

du corps est une des choses qui nous sont le plus recommandées dans l’Écriture, et que toutes les personnes sages doivent extrêmement prendre garde à ne pas favoriser le libertinage, qui n’est que trop commun en ce siècle et pour lequel la jeunesse n’a que trop de penchant.

2°. Il réformera entièrement l’article de David, de manière que les bonnes âmes n’en pourront plus être scandalisées, comme il l’a promis ; et pour cela il se conformera à ce que l’Écriture sainte nous dit de ce grand prophète. Il doit même en faire l’apologie, et remarquer que, dès le vivant de Saül, David était roi de droit ; et, bien loin de juger des actions de ce prince par le train commun et ordinaire des rois de la terre, il fera voir qu’il était autorisé pour exterminer les Cananéens ; que le grand sacrificateur, par lequel il consultait Dieu, lui servait de règle particulière ; que l’on se doit taire où l’Écriture se tait, et que son silence, bien loin de donner prise contre David, est plutôt équivalent à une approbation ; enfin il aura soin de bien relever l’autorité prophétique et canonique des écrits de David.

3o. À l’égard du manichéisme, au lieu de faire voir les sophismes des manichéens, et de leur prêter des raisons et des objections nouvelles qu’ils n’ont pas alléguées ; comme aussi de tâcher de décharger leur hypothèse des difficultés qui la rendent ridicule, M. Bayle les réfutera, et se gardera bien de donner gain de cause à une hérésie si détestable et si monstrueuse. Pour cet effet il corrigera les articles Manichéens, Marcionites, Pauliciens, comme aussi divers endroits de son livre qui semblent favoriser leur opinion, ou les difficultés qu’on allègue contre la permission du mal.

4o. Il en usera de même à l’égard des pyrrhoniens et du pyrrhonisme qui est l’extinction de toute religion, et réformera l’article Pyrrhon, prenant bien garde et là et partout ailleurs de donner atteinte à nos mystères.

5o. Il ne donnera point de louanges outrées aux athées ou épicuriens. Il corrigera les endroits qui peuvent contenir quelque affectation en leur faveur et n’affaiblira point la nécessité de croire un Dieu et une Providence, et même une vie à venir, par rapport à l’avantage de la société civile, et à la réformation des mœurs. Il insérera plutôt des clauses qui servent à imprimer dans l’esprit des lecteurs une grande horreur pour l’athéisme, et il travaillera à montrer qu’encore que des athées aient été réglés dans les mœurs, que cela n’est point venu de l’athéisme, mais seulement d’un amour-propre qui a toujours été déréglé. Il pourra même alléguer les exemples qu’il peut savoir de plusieurs athées qui ont été très-vicieux et très-infâmes.

Outre ces cinq chefs capitaux, dont on a déjà parlé à M. Bayle et qu’il s’est engagé de corriger, comme il a aussi promis à la compagnie de recevoir tous les autres avertissemens qu’on lui voudrait donner et d’en profiter, le consistoire l’exhorte à prendre garde en sixième lieu à ne pas réfuter