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LYSERUS.

que notre Lysérus publia en allemand[1].

(D) Il fut père de treize enfans. ] Entre autres, de Polycarpe et de Guillaume, qui ont eu divers emplois ecclésiastiques et académiques, et ont publié plusieurs livres. Polycarpe Lysérus, né à Wittemberg, le 20 novembre 1586, fut ministre et professeur à Leipsic, etc. Il mourut le 15 de janvier 1633, laissant plusieurs enfans. Voyez le Théâtre de Paul Freher à la page 452, 453 : vous y trouverez le catalogue de ses livres. Guillaume Lysérus, son frère, naquit à Dresde, le 26 d’octobre 1592. Il fut professeur en théologie à Wittemberg, etc., et mourut le 8 de février 1649, laissant plusieurs enfans de l’un et de l’autre sexe. Voyez le même Théâtre de Paul Fréher à la page 542, 543 : vous y trouverez le catalogue de ses livres.

Notez que son Systema Thetico-Exegeticum n’a été imprimé qu’en 1699. Voyez le journal de Leipsic au mois d’octobre de la même année, à la page 473 et 474 : vous y trouverez le nom et les qualités de quelques personnes de cette famille.

(E) Son testament fut une preuve de sa charité envers... les étudians nécessiteux. ] Voici les paroles de Melchior Adam : Testamento cavit, ut quotannis in die Polycarpi et Elisabethæ, certa quædam pecuniæ summa impenderetur, in lautiorem victum eorum, qui communi mensâ uterentur[2]. Cet auteur nous apprend là[3] une chose qui mériterait peut-être un peu de réformation. Les ministres seraient plus considérés qu’ils ne le sont dans l’Allemagne, si les étudians en théologie étaient moins souvent de la condition dont il nous parle.

(F) Il avait eu à soutenir beaucoup de querelles. ] Rapportez ici ce que j’ai dit ci-dessus[4], et ajoutez-y une chose que Melchior Adam n’a point dite. Il y eut un poëte nommé Jean Major, qui fit des vers contre la conduite qu’on avait tenue à l’occasion des signatures du formulaire, et qui maltraita surtout les théologiens de Wittemberg. Lysérus prit à partie ce Jean Major avec tant de force, qu’il ne se donna point de repos jusques à ce qu’il l’eût fait chasser de l’académie. Il se fit beaucoup d’ennemis par cette victoire ; et à son tour il succomba sous leurs efforts : il perdit tous les établissemens qu’il avait à Wittemberg. Tant il est vrai qu’en certaines occasions, il est plus utile de se contenter d’un médiocre avantage sur ses adversaires, que de les pousser à bout. Mais où sont les gens qui se puissent modérer lorsqu’ils ont le vent en poupe, et que leur faction dominante leur permet de se venger ? Sub initium anni 86 supra sesquimillesimum turbas collegio theologico Wittembergensi dari cœpit Joannes Major poeta, homo despératæ levitatis, qui editis in publicum carminibus, religionis sinceritatem et bonorum virorum, theologorum cumprimis, famam vellicare haud dubitaverat, cujus improbis conatibus cùm Polycarpus tùm publicè tùm privatim magno spiritu se opposuisset, tandemque effecisset, ut poëta Wittebergensi academiâ sit proscriptus ; dici non potest quos quantosque crabrones tunc excitaverit tàm in Aulâ quàm in academiâ, quantamque invidiam sibi apud multos attraxerit ; quæ posteà sinè gravi ecclesiæ scandalo in nervum ita erupit, ut Polycarpus totâ ecclesiâ et academiâ reclamante functione suâ exciderit[5]. Sa retraite ne le mit pas à couvert de la morsure [6]. Si nous avions un grand détail sur tout ceci, nous trouverions apparemment que notre Lysérus avait la moitié du tort.

  1. Spizélius en donne la liste, pag. 16.
  2. Melch. Adam., in Vitis Theol., pag. 802
  3. Il venait de dire : Cum singulari quodam amoris affectu Wittembergam et tenuioris cumprimis fortunæ studiosos, quales plerumque esse solent, studiis theologicis qui se manciparunt, prosequeretur ; testamento cavit, etc.
  4. Dans la remarque (C).
  5. Spizelius, in Templo Honoris reserato, pag. 12.
  6. Neque verò in hac quantumvis splendidâ statione constitutus, falsorum fratrum venenatos morsus effugere potuit. Idem, pag. 13.

LYSÉRUS (Jean), auteur de plusieurs écrits touchant la polygamie. Voyez les Nouvelles de la République des Lettres[a] ; et

  1. Mois d’avril 1685, art. I, pag. 370 et suiv. Voyez aussi l’article Lamech, dans ce volume, pag. 35, remarque (A).