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FERRET.

ducteur ne rend pas bien ces paroles, nella città di Renes ; car il dit in urbe Renesiâ, et il fallait dire Redonibus, ou in civitate Redonensi. D’Argentré assure [a] que Francesco Sylvestro, général des jacobins, mourut à Rennes le 20 d’octobre 1528. Il a cru très-faussement que l’on le nommait Prieras. C’était le confondre avec Sylvestre Prierias, maître du sacré palais, sous Léon X.

  1. D’Argentré, Histoire de Bretagne, liv. XII, chap. LXIX.

(A) C’est sous ce nom que l’on cite ordinairement... Francois Sylvestre. ] On cite principalement son Commentaire sur les quatre livres de Thomas d’Aquin contre les gentils. Il a fait aussi des Commentaires sur la Philosophie d’Aristote, et la Vie de la bienheureuse Osanna en six volumes. C’est une sainte dont il avait été confesseur, et qui est fort vénérée à Mantoue, à cause de sa sainteté et de ses miracles [1].

  1. Ex Altamurâ, in Bibliot. dominic., pag. 253.

FERRET (Émile), en latin Æmilius Ferrettus (A), l’un des bons jurisconsultes du XVIe. siècle, naquit à Castello Franco, dans la Toscane (B), le 14 de novembre 1460. Il fut envoyé à Pise des qu’il eut douze ans, et y étudia le droit canon et le droit civil pendant trois années ; puis il en passa deux autres dans l’académie de Sienne, après quoi il alla à Rome et fut secrétaire du cardinal Salviati [* 1]. Il fut reçu avocat à l’âge de dix-neuf ans, après avoir soutenu des thèses dans une assemblée nombreuse de cardinaux et d’évêques. Il quitta alors son nom de baptême Dominique, et prit celui d’Æmilius. Ayant accepté la profession en jurisprudence, il expliqua si habilement le titre de Rebus creditis, que cela lui fit obtenir la qualité de secrétaire [* 2] de Léon X. Il exerça cette charge quelques années ; après quoi il la quitta volontairement, et se retira dans sa patrie. Il en sortit au bout de deux ans, son père y ayant été tué, et s’en alla à Tridmo dans le Montferrat. Il s’y maria (C), et après y avoir séjourné quatre ans, il suivit à Rome et à Naples le marquis de Montferrat, qui commandait une partie de l’armée de France. Cette expédition des Français ayant été malheureuse, il tâcha de regagner son pays ; mais il tomba entre les mains des Espagnols, et ne recouvra la liberté qu’en payant rançon. Il s’en vint en France, et enseigna le droit à Valence avec tant de réputation que François Ier. le fit conseiller au parlement de Paris (D), et le députa aux Vénitiens et aux Florentins. L’habileté avec laquelle il s’acquitta de ces emplois obligea le marquis de Montferrat à l’envoyer à la cour de Charles-Quint, après avoir fait agréer ce voyage à François Ier. Ferret suivit l’empereur à l’expédition d’Afrique, et dès qu’il fut de retour en France le roi l’envoya aux Florentins, pendant la guerre qu’ils soutenaient contre l’empereur. Il revint en France lorsqu’ils eurent été subjugués, et suivit la cour à Nice lors de l’entrevue

  1. * Leclerc dit qu’il fallait mettre : de Salpiati, depuis cardinal.
  2. * Je ne prétends pas le nier, dit Leclerc ; mais il fallait en donner des preuves.