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BAUDOUIN.

compagnées de scholies[1]. Cela fut imprimé l’année suivante[2], à Bâle, par Oporin, avec un gros livre d’Antoine Garron. Il publia à Paris en 1545, Prolegomena de Jure Civili ; et en 1546, Commentarii in libros IV Institut. Juris civilis Justiniani imperatoris. Son Commentaire sur les lois des XII Tables fut imprimé plusieurs fois. La troisième édition est de Bâle, en 1557, in-8o., chez Oporin, qui imprima en même temps son Juris Civilis Catechesis, et son Commentarius ad Edicta veterum, principum romanorum de Christianis, ouvrage qui prêche la tolérance, et qui, à cause de cela, fut blâmé par Claude de Sainctes[3]. Je laisse plusieurs autres livres de jurisprudence publiés par cet auteur ; mais voici une chose qui ne doit pas être omise, et que je trouve dans M. Ménage : « À la prière du prince de Condé, il fit un Traité des moyens de parvenir à une bonne réformation, touchant la religion. Ce traité, ayant été publié par un carme défroqué, qui y ajouta beaucoup du sien, Balduin se plaignit de ce procédé au prince de Condé. Le prince chassa le moine de sa cour, et permit à Balduin de se défendre. Balduin, ensuite de cette permission, fit en latin, et après en français, son Avis sur la réformation de l’Église : et il fit en français sa Réponse à un Prédicant calomniateur[4]. » On voit dans la IIIe. réponse de Baudouin, que par l’ordre de la reine-mère il fut voir en prison M. le prince de Condé, et qu’il conféra avec lui sur l’accord des religions, et qu’on lui commanda de faire un écrit touchant cette conférence qui avait été renouvelée depuis que ce prince eut été remis en liberté. La composition de cet écrit l’empêcha d’aller trouver le duc de Guise, et de lui porter une lettre[5]. Je ne dois pas non plus oublier que son Constantinus, sive de legibus Constantini imperatoris, imprimé à Bâle, l’an 1556, a été mis dans l’Index Librorum expurgandorum, et qu’il passe pour l’auteur d’un livre qui fut imprimé à Strasbourg, sub Christianorum jurisconsultorum nomine contra Duarenum, l’an 1556 ; mais qu’il le désavoua[6]. On lui donne dans l’Épitome de Gesner un ouvrage qui est d’un autre Baudouin. Non hujus, sed Petri Balduini sunt[7] : ce sont des notes sur les Offices de Cicéron. Ce fut lui qui mit en français une Histoire de Pologne faite en latin par Jean Herburt de Fulstin, castellan de Sanoc. Cette traduction française fut imprimée à Paris, en 1573, in-4o. sans le nom du traducteur[8]. Il se masquait quelquefois sous le nom de Pierre de la Roche, Petrus Rochius[9], et se nommait Atrébatius, par allusion au jurisconsulte Trébatius, et à sa patrie[10].

Pour ce qui regarde les pilleries qui lui furent reprochées, vous n’avez qu’à lire ce qui suit. Pudendum est, et nimiùm illiberale illud plagium, quod ipse inficiari non potest de annotationibus in Justiniani Institutiones Brecthano præceptori sua surreptis. Omitto quæ non modò Ferretus et Othomanus, quorum fortassis familiaritate tum abutebatur ex vetere illâ formulâ τὰ τῶν φίλων κοινά, sed etiam maximi ipsius inimici Baro, et Duarenus, optimo jure ex istius centonibus repetunt. Omitto etiam turpissimorum erratorum Centurias, quas Contius et ipse juris interpres in istius Constantino, quamvis exiguo libello, annotavit[11]. Ce Contius, dont Bèze parle, était professeur en droit à Bourges, et s’appelait Antoine le Conte. On fait aussi mention d’Hotman dans ce passage. Ce fut l’un des adversaires de Baudouin, et il le traita avec le dernier mépris[12] : il l’ap-

  1. Valer. Andreas, Biblioth. belgicæ pag. 223.
  2. Et non pas l’an 1534, comme on le voit dans l’Epitome de Gesner, pag. 236 : une transposition de chiffre, faute ordinaire des imprimeurs, a fait mettre là 1534 pour 1543.
  3. Claud. de Sainctes, ad Edicta veterum Principum, folio 6 verso.
  4. Ménage, Remarques sur la Vie d’Ayrault, pag. 158.
  5. Ex Balduini Responsione ad Calvinum et Bezam, fol. 101 verso, et 102.
  6. Valer. Andreas. Biblioth. belg., pag. 225.
  7. Idem., ibidem.
  8. Voyez Du Verdier Van-Privas, Biblioth. française, pag. 365.
  9. Il signait ainsi les lettres qu’il écrivait à Calvin.
  10. Catherinot, Calvinisme de Berri, vers la fin.
  11. Beza, Respons. ad Balduini Convicia, pag. 203, 204.
  12. Voyez le livre intitulé : Strigilis Papyrii Massonis per Matagonidem de Malagonibus, pag. 269.