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AQUÆUS.

de ce qui regarde les éditions d’Apulée [1]. Il n’a point parlé en particulier de celle de Bâle, apud Henricum Petri, en 1560, en trois volumes in-8o. ; ni de celle de la même ville, apud Sebastianum Henric. Petri, en 1620, en deux volumes in-8o. ; ni de celle de Lyon, en 1614, en deux volumes in-8o., qui ressemble parfaitement à celle de Leide, dont il articule toutes les pièces, et qu’il met à l’an 1614. Je ne sais s’il n’aurait point pris le Lugdunum de France pour le Lugdunum Batavorum.

(R) Je ne sache point d’autres traductions françaises de l’Âne d’or, qu’en vieux gaulois. ] Jean Louveau, si je ne me trompe, est l’auteur de la première ; la Croix du Maine en fait mention sans marquer l’année qu’elle parut [2]. Il se contente de dire qu’elle fut imprimée à Lyon. Elle fut réimprimée à Paris, par Claude Micar, l’an 1584. Un certain J. de Montlyard a donné une traduction de ce même livre, avec un commentaire. Les deux éditions que j’en ai vues sont, l’une jouxte la copie imprimée à Paris, chez Abel l’Angelier, 1612 ; l’autre, à Paris, chez Samuel Thiboust, 1623. La préface est assez longue, et contient la critique de plusieurs fautes de Jean Louveau.

Au reste, je viens de m’apercevoir que la Croix du Maine, et du Verdier Vau-Privas ont parlé d’une traduction qui pourrait bien être antérieure à celle de Jean Louveau. Ils disent que Georges de la Bouthière, ou de la Boutière, natif d’Autun, a mis en français la Métamorphose ou l’Âne d’or d’Apulée [3]. L’un dit que cette version fut imprimée à Lyon, par Jean de Tournes et Guillaume Gazeau, l’an 1553 ; l’autre, qu’elle fut imprimée par Jean de Tournes, 5516 [4]. Il y a une faute d’impression dans cette dernière date ; et il est assez apparent que, pour remettre les chiffres dans leur bon ordre, il faut lire 1556. Or, comme le même bibliothécaire a dit que la traduction de Jean Louveau fut imprimée l’an 1558 [5], on a lieu de supposer qu’elle fut postérieure à celle de Georges de la Bouthiere.

Depuis la première édition de ce dictionnaire, il a paru à Paris une traduction d’une partie de l’Âne d’or. Le Journal des Savans, du 9 janvier 1696, en fait mention. M. le baron des Coutures publia, avec des notes, en 1698, sa version française du Traité de Deo Socratis.

(S) On a raison de prendre ce livre pour une satire continuelle des désordres dont les magiciens, les prêtres, etc., remplissaient alors le monde. ] Voici ce que je trouve dans les notes de M. Fleuri : Tota porrò hæc Metamorphosis Apuleiana, et stylo, et sententiâ, satyricon est perpetuum (ut rectè observavit Barthius, Advers. l. 51, cap. 11, ) in quo magica deliria, sacrificulorum scelera, adulterorum crimina, furum et latronum impunitæ factiones, palàm differuntur [6]. Il ajoute que les chercheurs de la pierre philosophale y prétendent trouver les mystères du grand œuvre. Un homme qui s’en voudrait donner la peine, et qui aurait la capacité requise (il faudrait qu’il en eût beaucoup), pourrait faire sur ce roman un commentaire fort curieux et fort instructif, et où l’on apprendrait bien des choses que les commentaires précédens, quelque bons qu’ils puissent être d’ailleurs, n’ont point dites. Il y a quelques endroits fort sales dans ce livre d’Apulée. On croit que l’auteur y a mis quelques épisodes de son invention, et entre autres celui de Psyché : Horum certè noster ità imitator fuit, ut è suo penu innumerabilia protulerit, atque inter cætera venustissimum illud Psyches Ἐπεισόδιος [7]. Cet épisode a fourni, de nos jours, la matière d’une excellente pièce de théâtre à Molière, et d’un fort joli roman à M. de la Fontaine.

  1. Joh. Albertus Fabricius, in Bibliothecâ latinâ, pag. 135 et seq.
  2. La Croix du Maine, Bibliothèque française, pag. 238.
  3. La Croix du Maine, pag. 118 ; du Verdier, pag. 448.
  4. Du Verdier, Bibliothéque française, pag. 448.
  5. Là même, pag. 716.
  6. Julius Floridus, Comment. ad usum Delphini in Apuleium.
  7. Idem, ibid., pag. 2.

AQUÆUS (Étienne) en Français de l’Aigue (A), seigneur de