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RUE PRINCIPALE

René Lamarre, sorti très tard pour déjeuner ce jour-là, rentrait justement. Ninette l’arrêta au passage :

— Monsieur Lamarre !

— Oui, mademoiselle Ninette ?

— Monsieur Lamarre, je viens de recevoir d’assez mauvaises nouvelles. Le procès de mon frère a été fixé à mardi prochain, et on n’a toujours pas réussi à retrouver le propriétaire du revolver.

— C’est exactement ce que je craignais. Je vous l’ai dit avant-hier.

— Je sais bien, monsieur Lamarre, mais maintenant il s’agit de lui trouver un bon avocat au plus vite !

— Mais, ma chère enfant, l’offre que je vous ai faite tient toujours. Avant-hier je suis malheureusement arrivé trop tard à Montréal pour voir mon ami, maître Léon Martin, mais nous pouvons très bien le voir cet après-midi. C’est à quatre heures que mademoiselle Décarie vient vous remplacer ?

— Oui, monsieur Lamarre.

— En partant immédiatement, nous serons à Montréal bien avant cinq heures, et je suis sûr que nous trouverons Léon soit au bureau, soit au palais.

— Vraiment, monsieur Lamarre, je n’ose pas accepter. Vous aviez peut-être fait d’autres projets, vous deviez peut-être…

— Mais non, mais non, je vous assure !

Et il ajouta, galant :

— D’ailleurs, même si j’avais projeté quelque chose pour cet après-midi, j’y renoncerais avec enthousiasme, car rien ne pourrait m’être plus agréable qu’une promenade en auto avec vous.

En somme, pour un homme adroit, Lamarre avait manqué de jugement en débitant cette ga-