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RUE PRINCIPALE

du regard quelque chose qu’il sembla ne pas trouver, puisqu’il adressa à Mlle Léontine un sourire plein de bonhomie et une question fort précise :

— Le rayon des chaussures, Mademoiselle, s’il vous plaît ?

— À votre gauche, monsieur, répondit la première vendeuse à moitié revenue de sa surprise.

— Merci mademoiselle. Viens Jean.

Et l’homme, tenant l’enfant par la main, se dirigea vers le rayon cherché et qu’il venait d’ailleurs d’apercevoir.

— Mademoiselle, dit-il à une vendeuse jeune, blonde et pas jolie qui faisait la toilette de ses mains en attendant d’avoir des pieds à chausser, mademoiselle, j’aimerais trouver une paire de chaussures pour ce petit bonhomme-là.

— Dans quel genre, monsieur ?

— Euh…dans quel genre ? Mon Dieu, ma foi… dans quel genre, mon petit Jean ?

— Sais pas, m’sieur.

— Bon marché, monsieur ?

— Solide surtout, mademoiselle.

La vendeuse blonde et pas jolie laissa tomber un regard sur les pieds nus de Jean.

— Vous ne pensez pas, dit-elle, que pour lui essayer des chaussures, il vaudrait mieux qu’il ait des bas ?

— Mais bien sûr, voyons, bien sûr ! Où avais-je la tête ? Voyez-vous, mademoiselle, j’ai trouvé le petit Jean tout en pleurs, tout-à-l’heure, au bord de l’étang du parc. Il avait pris un bain de pieds et, pendant qu’il barbotait, quelqu’un lui avait volé ses chaussures. Alors, ma foi, j’ai pensé que le meilleur moyen de le consoler était de lui en acheter d’autres ; d’autant plus qu’il m’a dit que