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LE COMÉDIEN ROUVIÈRE[1]


J’ai connu longtemps Rouvière… — Philibert Rouvière ne m’a jamais donné de notes détaillées sur sa naissance, son éducation, etc… C’est moi qui ai écrit, dans un recueil illustré sur les principaux comédiens de Paris, l’article le concernant[2]. Mais dans cet article, on ne trouvera autre chose qu’une appréciation raisonnée de son talent, talent bizarre jusqu’à l’excès, fait de raisonnement et d’exagération nerveuse, ce dernier élément l’emportant généralement.

Principaux rôles de Rouvière : Mordaunt, dans les Mousquetaires, type de haine concentrée, serviteur de Cromwell, ne poursuivant à travers les guerres civiles que la satisfaction de ses vengeances personnelles et légitimes.

Dans ce rôle, Rouvière faisait peur et horreur. Il était tout en fer.

Charles IX, dans une autre pièce d’Alexandre Dumas[3]. Tout le monde a été émerveillé de cette ressuscitation. Du reste, Rouvière ayant été peintre, ces tours de force lui étaient plus faciles qu’à un autre.

  1. La Petite Revue, 28 octobre 1865. Article signé Ch. B.
  2. Ce premier article avait paru dans les colonnes de la Galerie des Artistes dramatiques vivants, en 1855, puis avait été repris avec quelques variantes dans l’Artiste du 1er décembre 1859.
  3. La Reine Margot.