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1o la nécessité de l’instruction vient de ce que l’homme brut et abandonné à lui-même, ne développeroit ni les fa[24]cultés de son esprit, ni celles de ses organes. Il languiroit dans l’inertie, il seroit trop souvent stupide, paresseux, sujet à la colere et à la cupidité, meres des violences. Il n’écouteroit souvent que des desirs fougueux, n’ayant ni la prévoyance qui les empêche de naître, ni l’habitude de réfléchir, qui les tempere ; de là naitroient trop communément des usurpations, des représailles, des vengeances.

L’utilité de l’instruction vient de ce que l’homme enseigné est capable de pousser de plus en plus à leur perfection toute espece de vertus bienfaisantes et de justice exacte, toutes sortes de sciences, tous les arts utiles et agréables.

L’instruction, qui contient l’enseignement, l’exemple, l’émulation, est le moyen de former le cœur, l’esprit et les organes des hommes ; chacun suivant leurs talents et leur condition ; [25] d’en développer avantageusement toutes les facultés, de les tourner autant qu’on peut et de plus en plus vers le grand objet des États policés, c’est-à-dire d’abord, vers la prospérité de l’art fécond ou productif, puis par elle vers la prospérité des autres arts, qui en est l’effet.

Par la continuité, par la généralité, par la perfection de l’art d’instruire, les hommes s’approprient de bonne heure le résultat des réflexions, des expériences, et des succès de plusieurs générations et de plusieurs siécles. Et c’est cette appropriation qui développe les facultés de l’esprit, du cœur ou des organes corporels, qui en dirige l’emploi vers le bien commun des États policés et de l’humanité.

2o la protection ou la puissance tutélaire est de deux sortes. L’une est intérieure, elle empêche, réprime et punit les usurpations faites par violence ou [26] par fraude sur les propriétés des hommes réunis en société ; c’est ce qu’on appelle plus communément justice distributive, c’est la justice civile ou criminelle, qui fait jouir chaque citoyen de sa liberté personnelle, de ses possessions et de ses droits légitimement acquis.

L’autre est extérieure ; c’est la force publique militaire et politique de l’État, qui le garantit des invasions du dehors.

La nécessité de la protection ou de la puissance tutélaire, vient de l’inclination trop réelle qu’ont les hommes à l’usurpation et aux violences, parcequ’il nous est naturel à tous de vouloir jouir. Or il semble plus facile et plus prompt de s’approprier le fruit du travail