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Les cultivateurs, les propriétaires n’ayant retenu dans le partage amical, que les portions justement et raisonnablement jugées nécessaires au maintien, à l’accroissement progressif des exploitations productives ; et la classe stérile n’ayant rien qu’elle n’ait reçu d’eux, ou des mandataires du souverain par échange, et convention libre, tout droit est rempli, toute dette est acquittée. Mais le souverain protege, facilite, instruit le commerce et les arts ; il a donc un droit sur eux, sur leurs travaux, sur les jouissances qui en résultent : oui sans doute ; mais ce droit s’exerce en payant, et il est rempli quand on vous a donné par avance de quoi payer. La reproduction totale annuelle comprend tout ce qui doit servir aux jouissances de la classe stérile comme à celles des trois autres, par conséquent tout ce qui doit payer ses travaux. On vous donne votre portion juste et légitime dans cette production totale ; vous avez donc reçu d’avance de quoi payer tous les travaux de la classe stérile dont vous devez jouir ; rien de plus évident. Que vous ayez un droit à cette jouissance des travaux de l’art stérile, on ne peut pas être censé vous le contester, quand on vous met par avance entre les mains de quoi réaliser ce droit à votre volonté. Toute cette premiere objection tant rebattue consiste donc dans une erreur sur l’objet de la perception. Ce ne sont point les hommes qui doivent ; ce ne sont pas les hommes qui paient, ce sont les productions naturelles annuellement récoltées et consommables en subsistances ou en ouvrage de durée. Ce principe incontestable une fois saisi, le partage que vous avez fait de la récolte accomplit évidemment toute justice. La seconde objection n’est pas plus difficile à résoudre : chercher à connoître au vrai le produit net habituel de chaque héritage ou de chaque fonds productif, ce n’est surement pas courir après un objet difficile à saisir comme on se l’imagine. Il n’est pas une seule terre dans le plus grand empire dont le revenu clair et liquide ne soit, ou connu parfaitement, ou prêt à l’être dans vingt-quatre heures. Car enfin, tout bail à ferme, toute vente, tout partage, tout échange, toute hypotheque suppose évidemment cette connoissance du produit net habituel. Or, il est vrai de dire qu’il n’existe pas un seul héritage qui ne pût être affermé, vendu, partagé, échangé, hypothéqué dans l’espace