Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée

souveraine, d’autre part de la liberté sociale, et dans les rapports d’opposition ou de conciliation qu’on met entre elles, suivant qu’on s’est formé ces deux idées fondamentales.

N⁰premier. Du despotisme arbitraire asiatique.

La politique usurpatrice et destructive, ouvertement adoptée par les despotes arbitraires de l’Asie, définit l’autorité suprême, " le droit acquis par la force de disposer à son gré des propriétés personnelles de tous les sujets, et par conséquent de toutes leurs propriétés mobiliaires et foncieres, sans autre regle que sa volonté " . Dans cet état de violence et d’usurpation universelle, toute idée de liberté, de propriété, est regardée comme un attentat, parceque c’est un germe de révolte contre les idées du commandement arbitraire et de l’obéissance passive, qui font la base du despotisme déréglé. Les mandataires du souverain arbitraire ne sont vis-à-vis de lui que des instruments purement passifs de ses volontés quelconques ; ils sont vis-à-vis du peuple, ce que le despote est lui-même pour eux. Obéir et souffrir, c’est toute la loi des sujets ; c’est-à-dire qu’ils sont réduits par la force à cette dure nécessité. Tout ce que l’arbitraire du commandement laisse à chaque individu de liberté personnelle, de propriétés mobiliaires et d’héritages privés, n’est censé qu’un bienfait tacite du seul propriétaire universel, bienfait qu’il peut reprendre à son gré, sans autre raison que son vouloir et son pouvoir. L’idée fatale et bizarre d’être propriétaire de la personne d’autrui, de plusieurs personnes par milliers et par millions, de toutes leurs facultés même intellectuelles et morales, est le caractere essentiel du despotisme arbitraire ; c’est elle qui constitue le maître et les esclaves : le maître qui a seul une liberté et des propriétés : l’esclave qui n’a pas même la propriété de ses organes corporels, ni de son intelligence. Ce délire de l’esprit humain emporte avec lui de par la nature un caractere de réprobation ineffaçable ; il est en contradiction perpétuelle avec la raison autant qu’avec l’attrait naturel qui