Jamais de la vie ! Il y a six mois que je ne me suis senti d’aussi bonnes jambes !
Vos douleurs vont disparaître avec l’arrivée du printemps, Madame Desroyer.
Le printemps ! le printemps ! j’en suis revenue. Le printemps, c’est comme les enfants qui tarabustent les vieux et les font enrager en leur tirant les jambes. Si ce n’était mon accident d’il y a un an, je ne me serais jamais mieux portée et j’aurais pu envoyer cette bonne sœur au diable.
Ne faites pas attention, Monsieur, je suis habituée aux rebuffades de Madame Desroyer. D’ailleurs elle a raison de ne pas me considérer comme sa garde ; je travaille au jardin potager, je sarcle, je bine.
Elle bouchonne les chevaux et elle m’a appris à jouer au bésigue chinois… Il faut ça quand on vit seule…
Mère, ne vous plaignez pas de nous cette année ; jamais vous n’aurez eu vos petits-enfants aussi longtemps.
Le fait est que vous m’avez gâtée !
Vous les aurez eus trois grands mois.