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1616. aout.

quattre personnes ; que Mr de Temines estoit là avec six braves hommes dont il respondoit ; que j’avois deux compagnies de Suisses devant le Louvre ; que ces messieurs n’avoint que leurs escuyers avec eux ; qu’elle avoit quarante de ses gardes dans le Louvre, les archers de la porte et les Suisses du corps[1] a sa devotion, et qu’ils seroint arrestés deux heures avant que l’on s’en aperceut, pendant lesquelles le roy quy estoit aux Tuilleries reviendroit, et que je pourrois faire venir encor quinse cens Suisses quy seroint incontinent icy. La reine escouta cette proposition, la jugea bonne en plusieurs choses et de facile execution : mais comme la resolution aux affaires non preveues manque souvent, que la reine attendit le lendemain deux cens hommes d’armes de sa compagnie avec lesquels, sy elle se sentoit pressée du peuple, elle se pourroit retirer a Mantes[2], au millieu du bataillon suisse, avec le roy, Messieurs[3], et Mesdames ; joint que le roy n’estoit pas present pour autoriser une sy grande capture, et que mesmes on le pourroit troubler a son retour ; n’ayant aucune autre personne pres d’elle, ayma mieux remettre l’affaire au lendemain que de l’executer lors : ce qu’ayant dit a la mareschalle, et elle a Barbins, il me prit a l’heure mesme et me dit que la medecine de la reine la pressoit et qu’elle remet-

  1. Les gardes de la porte surveillaient pendant le jour les avenues du Louvre, auxquelles les gardes du corps faisaient sentinelle pendant la nuit. Les Suisses du corps étaient de la compagnie des Cent-Suisses.
  2. Il y avait dans les précédentes éditions : Nantes.
  3. Il faut lire : Monsieur. Le roi n’avait alors qu’un frère vivant.