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1616. aout.

goulesme[1] avec quatorse compagnies des gardes françoises et la cavalerie quy estoit la plus prochaine pour investir la place, et Mr le Prince estant venu trouver la reine luy offrit son service en cette occasion, suppliant neammoins qu’avant rien desclarer ny entreprendre contre Mr de Longueville, elle y veuille envoyer Mr de Boullon de sa part, lequel se faisoit fort de faire remettre toutes choses en l’estat ou elles estoint avant ladite invasion. La reine quy avoit dessein de se saisir de Mr le Prince et de ses associés, consentit a cette proposition, et Mr de Boullon partit le jour mesme[2]. La reine fit semblant de vouloir aussy envoyer au siege de Peronne quattre compagnies de Suisses ; mais sous main elle me commanda de les retarder : et ce quy donna aussy soubçon a Mr le Prince, c’est que le roy nomma a Mr de Crequy les quatorse compagnies[3] quy y devoint aller, sans luy en laisser le choix comme il avoit accoustumé, et les six capitaines quy demeurerent estoint tous ceux de quy la reine se fioit le plus. Elle fit aussy semblant d’y envoyer sa compagnie de gensd’armes quy tenoit garnison a Nogent, et la fit passer proche de Paris le jour qu’elle fit arrester Mr le Prince, pour estre preste en cas qu’elle en eut eu besoin.

Cependant Mr le nonce[4] taschoit de raccommoder

  1. Le comte d’Auvergne.
  2. Le duc de Bouillon partit le 20 août.
  3. Quatorze compagnies du régiment des gardes françaises, dont M. de Créquy était mestre de camp. Le régiment était alors composé de vingt compagnies.
  4. Le nonce était Ubaldini.