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journal de ma vie.

lequel ils sçavoint bien qu’il ne l’entreprendroit pas contre les formes ; l’evesque de Laon, de la maison de Nangis[1], et quy estoit mon cousin, affin d’avoir lieu de le recuser ; et l’archevesque d’Aix[2], quy estoit un saffranier[3] et un frippon, tenu pour fou et quy pour douse cens escus que l’evesque de Beauvais luy avoit promis, s’offrit de faire tout ce qu’il demanderoit de luy : mais, par malheur, comme on le vint a proposer a Rome ou il n’estoit pas moins descrié que connu pour tel qu’il estoit, il fut refusé, ce quy fit avoir recours a une autre ruse quy estoit que, puisqu’ils ne se soucioint pas que la chose fut bonne et valable pourveu qu’elle fut, ils demanderent l’evesque de Dacs[4] a cause de la conformité des noms [quy sont tous deux aquensis][5] et n’y avoit que la difference d’archevesque et d’evesque, et celle du rang[6] ;

  1. Benjamin de Brichanteau, fils d’Antoine de Brichanteau, marquis de Nangis, et d’Antoinette de la Rochefoucaud, dame de Linières, évêque duc de Laon en 1612, mort le 14 juillet 1619. Sur la parenté de l’évêque de Laon avec M. de Bassompierre, on peut voir l’Appendice. VII, au tome Ier.
  2. Paul Hurault de l’Hôpital, fils de Robert Hurault, seigneur de Belesbat, et de Madeleine de l’Hôpital, fut d’abord maître des requêtes, ensuite archevêque d’Aix de 1595 à 1624.
  3. Safranier, expression familière pour désigner une personne misérable, ruinée.
  4. Jean-Jacques du Sault, fils de Jacques du Sault, avocat du roi au parlement de Bordeaux, et d’Anne Godin, fut évêque de Dax en 1600, et mourut en 1623. — Il y avait dans les précédentes éditions : l’évêque d’Aix.
  5. Inédit.
  6. La partie adverse de Bassompierre qui, pour se faire juger par l’archevêque d’Aix, demandait l’évêque de Dax, avait été obligée de lui donner le troisième rang sur la liste, tandis que l’archevêque d’Aix y eut occupé le premier rang.