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1616. avril.

chal d’Ancres pour la conclusion de la paix, quy estoit que apres avoir tout accordé, Mr le Prince avoit fait deux nouvelles demandes, sçavoir que quand il seroit a la court, il eut la plume, c’est a dire qu’il sinnat les arrests du conseil, l’arresté de la semaine aux finances et les comptes de l’espargne, ce quy estoit directement contre l’autorité du roy et la sienne ; l’autre, qu’il pleut a Leurs Majestés tirer Mr le mareschal d’Ancres de Picardie pour le bien et la conservation de la paix, attendu l’incompatibilité quy estoit entre Mr de Longueville et ledit mareschal[1], et qu’elle voyoit bien que cela sortoit de la boutique de Mr de Villeroy comme une piece de sa façon pour faire du mal au mareschal d’Ancres qu’il haïssoit, ce que Mr Barbins confirma, et anima la reine autant qu’il peut contre le dit Villeroy, lequel en mesme temps fit dire a la reine qu’il estoit en son antichambre, attendant de luy pouvoir parler. Barbins dit lors a la reine : « Madame, oyés le sans montrer aucune alteration, et puis luy demandés son avis là dessus, et s’il vous dit qu’il vous conseille d’accorder ces deux dernieres demandes, il descouvrira manifestement sa fourbe qu’il a voulu jusques a maintenant couvrir : sy aussy[2], comme je le pense, il desconseille a Vostre Majesté de leur accorder, vous dirés tantost au conseil tout haut que vous refusés ces propositions, et ce par le conseil et induction de Mr de Villeroy, quy ne

  1. Le duc de Longueville était gouverneur de Picardie ; le maréchal d’Ancre, outre qu’il était lieutenant général en cette province, y avait encore le gouvernement de Péronne, Montdidier et Roye.
  2. C’est-à-dire : si au contraire.