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journal de ma vie.

viscomté de Turenne[1], demeureroint dans le service du roy sans toutefois faire la guerre a ceux de la Religion ; que pareillement le roy ne les feroit molester, ny entreprendre sur elles. J’oubliois a dire que ce matin mesme, par les chemins, le roy m’avoit dit que l’on luy proposoit cette affaire, laquelle il ne goustoit pas ; neammoins sy tout son conseil qu’il assembleroit a la disnée, estoit d’avis de l’executer, qu’il le feroit : je le desgoustay encores davantage qu’il ne l’estoit par plusieurs vives raysons que Dieu m’inspira de luy remontrer, lesquelles il me commanda de dire tantost apres au conseil, et les autres dont je me pourrois adviser, a quoy je songeay par les chemins.

Apres que Mr de Chomberg eut amplement deployé tout ce quy estoit de cette entreprise, il conclut par son opinion quy estoit de l’executer en la forme proposée, ce que, a son avis, il jugeoit tres facile ; qu’il seroit utile au roy [et de reputation][2] d’avoir, en sortant du siege de Montauban, pris Monheurt de force, et Castillon par entreprise. Le roy demanda en suitte l’avis de Mr de Marillac, quy fut conforme a celuy de Mr de Chomberg, y adjoutant quelque particularité en la forme de l’execution. De là le roy me commanda de dire mon opinion, laquelle je dis en cette sorte :

« Sire, sy par le manquement de foy et de parole vous eussiés voulu chercher vostre avantage, vous en aviés, l’année passée, une belle occasion lors que par

  1. En Bas-Limousin.
  2. Inédit.