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journal de ma vie.

d’estre prests a porter leur souper et coucher dans la ville quand on leur manderoit. Ils placerent le roy, Mr de Rets, cardinal, monsieur le connestable, le pere Arnoux, Mr de Puisieux et autres en lieu ou ils peussent facilement voir forcer la ville, et tant d’autres choses plus ridicules que je ne daignerois escrire.

L’ordre general et particulier fut fait : on nous manda de commencer la danse en nostre quartier. Le roy envoya plusieurs fois sçavoir a quoy il tenoit que l’on ne donnat, et il n’y avoit ny descente au fossé, ny montée a la bresche, [ny mesmes bresche][1] quy ne fut remparée : il y avoit mesmes une piece entre la bresche et le lieu d’ou l’on partoit, quy n’estoit ny ruinée, ny battue : il n’y avoit point d’eschelles pour y monter, et quand il y en eut eu, point de moyen de le faire. En fin apres avoir consumé toute la journée jusques a six heures du soir, avoir tenu six cens gentilshommes et quantité de gens de marque armés tout le jour, sans agir ny tenter de faire aucune chose, sy ce n’est de faire tuer de la ville forces gens quy se descouvroint, on vint dire au roy que l’on avoit de nouveau fait reconnestre le lieu ou il falloit donner, et que veritablement il n’estoit raysonnable ; et sur cela chascun s’en retourna.

On nous avoit mandé sur les quattre heures apres midy de faire jouer notre mine, ce que nous fismes en mesme temps : elle fit un fort bon effet et ouvrit une grande partie des cornes sur lesquelles nous nous logeames ; mais c’estoit en vain, car nous n’avions

  1. Inédit.