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1621. octobre.

emmenerent un gros mortier de fonte a jetter des bombes, tuerent quelques soldats quy resisterent, et eussent nestoyé toute la tranchée sy Mr le mareschal de Temines et Mrs les comtes de Gramont et de Cramail ne fussent venus courageusement s’opposer a leur furie et les arrester sur cul. Je m’advançay avec cinq cens hommes en mesme temps sur le pont du Tar et envoyay sçavoir de monsieur le mareschal s’il avoit besoin de mon service et que j’estois pres de luy avesques de bons hommes. Mais luy quy avoit desja mis quelque ordre et repoussé les ennemis, m’envoya remercier : je vins neammoins seul le trouver et voir le degast que les ennemis avoint fait, que luy et messieurs les mareschaux de camp firent[1] reparer en peu d’heures. A la verité ce quartier là estoit tres foible depuis la mort de Mr du Maine, et desperissoit tous les jours ; car les soldats quittoint : de sorte que monsieur le mareschal envoya prier Mr de Pralain quy estoit en jour, de luy envoyer quelques trouppes de son quartier pour faire cette nuit là la garde ; ce qu’il fit et me commanda d’y mener sept compagnies du regiment des gardes que j’y laissay pour venir de là a la garde de nos tranchées, dont ces sept compagnies furent mal satisfaites, et dirent qu’elles n’y viendroint pas une autre fois sy je n’y demeurois.

J’allay cette mesme apres disnée au quartier du Moustier ou je trouvay Mr le mareschal de Saint Geran et Mr de Marillac. Je fis semblant que j’estois seulement venu pour visiter Zammet quy estoit blessé ; mais

  1. Les précédentes éditions portaient : avoient fait.