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journal de ma vie.

de mal pour nous cette nuit là ; que je m’en allasse dormir en repos affin d’estre en estat le lendemain et les autres jours pour y aller ; qu’il n’avoit aucune nouvelle du secours autre que celle d’accoustumé, et que s’il y en avoit quelqu’une, il me le manderoit. Sur cela je m’en retournay a mon logis et envoyay mon escuyer nommé Le Manny[1] pour me venir dire s’il y avoit quelque nouvelle du secours. Il ne tarda gueres a revenir et me dire que La Courbe, capitaine des gardes de Mr de Vandosme, me mandoit qu’asseurement nous aurions dans deux heures le secours sur les bras, et qu’il l’avoit veu marcher.

J’estois prest de me jetter sur le lit, et desja Mr le duc de Rets et Mr de Canaples[2] quy couchoint dans ma chambre estoint endormis : je les resveillay et leur dis que l’on me mandoit que le secours venoit ; mais ils creurent que je me moquois, et n’y voulurent venir, ayans esté dix nuits consecutives a l’attendre, et a veiller. Je vins a une galerie proche de ma chambre et dis [que le secours venoit et][3] que je m’y en allois ; mais de plus de trente gentilshommes quy y estoint couchés aucun ne me creut, fors un nommé Rodon, fils de Mr de Cangés[4] et le sieur des Estans,

  1. Il y avait : Le Maubry.
  2. Charles de Créquy, sire de Canaples, second fils de Charles, sire de Créquy et de Canaples, et de Madeleine de Bonne, sa première femme. Il mourut d’une blessure reçue devant Chambéry en 1630.
  3. Inédit.
  4. Antoine de Conighan, seigneur de Cangé, fils de Pierre de Conighan, seigneur de Cangé, et d’Anne de Marafin, avait épousé en 1592 Jeanne Boudet, fille de Jean Boudet, seigneur de