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1621. mai.

a l’heure mesme cheux le roy luy dire cette nouvelle, puis envoyerent incontinent assembler le conseil d’Estat auquel il fut resolu que l’on envoyeroit en diligence en Alcala de Ennares dire de la part du roy au prince Philibert de Savoye qu’il ne passat pas plus avant sans nouvel ordre, s’il n’aymoit mieux aller attendre les commandemens du roy a Baraxas ; ce qu’il fit et feignit d’y estre malade pour cacher sa desfaveur. Il avoit eu ordre de ne bouger d’Italie. Ces nouveaux favoris quy avoint veu comme du temps du feu roy il avoit pris pié sur son esprit, craignoint qu’il n’en fit de mesme a celuy cy et ne luy voulurent jammais permettre de voir plus de deux fois ce roy.

Le mercredy 5me je commençay a faire mes adieux aux grands et fis une despesche au roy.

Le jeudy 6me don Augustin Fiesque, tresorier de la cruçade[1], me fit festin et y pria plusieurs seigneurs espagnols.

Le vendredy 7me je continuay de faire mes adieux et allay voir don Pedro de Toledo nouvellement revenu de son bannissement[2] ; puis j’allay visiter le duc d’Alve.

Le samedy 8me je fus cheux la reine, puis cheux l’infante descalse. Apres disner je fus voir l’almirante

  1. La cruzada, la croisade.
  2. Don Pedro de Tolède, alors gouverneur du Milanais, fut en 1618 l’un des trois chefs de la conjuration contre Venise. À la suite de cette affaire il avait été rappelé de son gouvernement et mis en disgrâce.