Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
1621. avril.

fille et d’egale mayson a la sienne ; et que moy mesme avois plaidé huit années contre une grande maison quy me menaçoit d’une mort infaillible en cas que je n’espousasse une fille de la reine a quy j’avois fait un enfant et une promesse pour luy servir de couverture ; qu’en cas que son honneur et celuy de sa maison luy fussent aussy chers que je le croyois, qu’il devoit sans regret quitter pour un temps la court d’Espaigne en laquelle il estoit desfavorisé, luy ayant esté ostée la charge de cavallerisso major, et ses parens et amis descredités et persecutés ; que le remede que je luy offrois estoit de partir a l’entrée de la nuit en poste, et s’en aller m’attendre a Bayonne ou je le suyvrois dans un mois au plus tard ; que Mr le comte de Gramont le divertiroit en attendant de telle sorte que ce sejour ne luy seroit point desaggreable ; que s’il n’avoit pour le present l’argent pour y porter, qu’il luy estoit necessaire, que je luy fournirois mille pistoles pour son deffray jusques a mon arrivée, et que je luy respondois qu’en arrivant a la court de France, la reine luy feroit donner, jusques à ce que, par son moyen, sa paix fut faite par deça, mille escus par mois ; et qu’en cas qu’elle ne le fit, je le ferois du mien, et luy en donnois parole de cavallero[1]. Il me rendit infinies graces tant pour la reine que pour moy, puis me dit : « Quel moyen de sortir d’Espaigne sans estre retenu ? Et sy je l’estois, on me feroit trancher la teste infailliblement. » Je luy repartis que je ne proposois jammais

    d’Acuna, Ier marquis de Valle-Zerrato ; mais plutôt Anna de la Cerda, fille de don Alonso Tellez Giron et de dona Maria de la Cerda, et femme de don Pedro Cortez, IVe marquis del Valle.

  1. De gentilhomme.