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journal de ma vie.

conseil, pour quelques paroles peu respectueuses qu’il avoit dittes au comte de Benavente president dudit conseil.

Le samedy saint je fis mes pasques.

On donna avis au roy que quelques gens sans employ vouloint sauver le duc d’Ossune, ce quy fut cause que l’on redoubla ses gardes et que l’on mit prisonniers plus de deux cens hommes a Madrid quy estoint sans condition autre que de valentones[1].

Le dimanche 11me, jour de Pasques, le roy envoya offrir au duc de l’Infantado la charge de cavallerisso major[2] ; mais parce que le roy l’avoit ostée au comte de Saldaigne son beau fils[3], il la refusa.

Le lundy 12me je fus aux Descalsas, ou la reine s’estoit retirée depuis la mort du roy son beau pere : je luy donnay les bonnes festes. Elle me dit en suitte que les dames du palais desiroint fort de me parler, et que je devrois, pour leur satisfaire, demander lougar[4]. Je luy respondis que s’il me falloit parler a elles une a une, que j’y employerois plus de temps qu’a faire le traitté que j’avois entrepris, et que je luy demandois en grace de les pouvoir entretenir en foule,

  1. Valenton, rodomont, bravache.
  2. La charge de grand écuyer du roi.
  3. Diego de Sandoval y Roxas, second fils de François de Sandoval y Roxas, duc de Lerma, et de Catherine de la Cerda, et frère cadet du duc d’Uzeda, était devenu comte de Saldagna par son mariage avec Aloysia de Mendoza, comtesse de Saldagna, fille de Rodrigue de Mendoza, duc de l’Infantado, et d’Anne de Mendoza. Il était veuf depuis 1619.
  4. Lugar, lieu et temps convenable pour dire ou faire une chose.