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journal de ma vie.

veue du Pont de Sey[1], et y attaquer quelque escarmouche pour, a la faveur d’icelle, reconnestre le retranchement des ennemis, affin que selon le rapport que nous en ferions, on peut le lendemain l’attaquer en cas qu’il y eut quelque retardement a la paix. Nous demandasmes deux canons pour venir sonner une aubade a ceux des Ponts de Sey, ce quy nous fut accordé. Mrs de Trainel et de Nerestan y voulurent venir avesques Mr de Crequy et moy quy y estions commandés bien que nous ne fussions point en semaine de charge. Comme nous fusmes proches de Sorges nous fismes nostre ordre tel que Mr de Crequy, ce me semble, le proposa, et passames Sorges jusques dans un assés grand pré entouré d’alisiers quy nous couvroint aucunement[2] de la veue des ennemis lesquels estoint en une grande plaine, ayant les Ponts de Sey derriere eux et leurs retranchemens aussy, a leur main droitte la Loire, a leur gauche une forte haye et espaisse de douse ou quinse pas, laquelle ils avoint farcie d’arquebusiers et mousquetaires, et en leur teste ces alisiers, et nous derriere. Les quattre mareschaux de camp s’avancerent et quelques gentilshommes avesques eux pour reconnestre l’ordre des ennemis et les lieux ou nous devions passer et marcher : mais des que nous parusmes dans la plaine, les mousquetaires de la haye nous tirerent assés vivement ; De Vennes, capitaine de Navarre, quy estoit

  1. Saint-Aubin des Ponts-de-Cé, chef-lieu de canton de l’arrondissement d’Angers, à une lieue de cette ville, sur la Loire.
  2. Jusqu’à un certain point.