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1620. juillet.

que ce bonhomme vit, ensemble ces regimens de Picardie et de Champaigne quy marchoint. J’envoyay un des miens commander au capitaine de carabins que j’avois envoyé a la maison de Lescluselles qu’il supersedat l’ordre que je luy avois donné jusques a une nouvelle commission et qu’il donnat la femme de Lescluselles entre les mains de son oncle, recevant pareillement de luy son fils[1] lequel il garderoit seurement.

J’arrivay devant les portes de Dreux vers les deux heures [et demie][2] du matin, comme le jour commençoit a poindre, ayant fait faire halte au regiment de Picardie duquel je fis prendre cent hommes pour entrer au faubourg, et avesques quelque vingt chevaux je demanday a entrer[3]. Je trouvay quelque cent cinquante bourgeois, la plus part armés, a la porte de la ville, quy laisserent entrer mon train : et moy au mesme lieu je me mis a leur parler, les louant de leur tesmoygnage de bonne volonté au service du roy ; que j’estois venu pour les conforter, les delivrer de ceux quy tenoint le chasteau contre le roy et les remettre en l’estat que je voyois a leur contenance qu’ils desiroint ardemment, ne manquant plus aucune chose a eux sinon qu’ils criassent : Vive le roy. J’avois dit aux miens que quand je dirois : Vive le roy, ils le criassent aussy, et ces bourgeois en firent de mesme, comme c’est la coutume des peuples de suyvre ce qu’ils voyent commencé, sans raysonner

  1. Le fils de l’oncle.
  2. Inédit.
  3. Dans la ville.