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journal de ma vie.

que sy je desirois encores quelque autre compagnie pour un des miens, qu’elle luy seroit donnée par preference ; que pour le surplus il avoit destiné l’armée que je luy menois pour se venir promptement joindre a luy, et qu’il prendroit sa routte devers Alançon s’il venoit a bout du chasteau de Caen. Il ne sçavoit pas encores que je fusse sy pres de luy et ne croyoit pas que de quinse jours son armée que je commandois deut estre a Montereau.

Je vins donc trouver la reine a Paris, que je trouvay parmy les princesses et quy me receut fort bien, me disant qu’elle ne sçavoit sy elle me devoit saluer comme general d’armée ou comme courrier, veu la diligence extreme que j’avois faite. Elle envoya aussy tost querir monsieur le chancelier et messieurs du conseil, pour le tenir, lesquels a peine pouvoint croyre que [le lendemain][1] l’armée fut a Estampes, ny complette de la sorte que je leur asseurois.

Nous resolumes de l’adjudication de la munition, et que le lendemain on delivreroit aux munitionnaires de l’argent et leur contract ; et des le soir mesme ils envoyerent pour faire les pains a Estampes et aux autres lieux quy estoint vers ma routte.

Le conseil desira que j’allasse assieger Dreux ; mais sur ce que je leur remontray que le roy n’avoit que ses gardes et ses Suisses avec cinq ou six cens chevaux ; que les ennemis estoint plus forts que luy, et s’ils luy tomboint sur les bras ils le mettroint en peine ; qu’il faisoit estat de cette armée pour joindre avec celle qu’il avoit et aller chercher et battre ses

  1. Inédit.