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journal de ma vie.

Le lendemain je voulus faire le tour de la ville et menay avesques moy Mr le marquis de Temines, Zammet, et Arnaut quy nous menoit, lequel s’entendoit bien a la guerre et donnoit de tres bonnes raysons de ce qu’il eut fallu faire[1]. Au retour nous trouvames Mr de la Rochefoucaut ; et comme nous estions d’une diverse armée et que nous voulions faire voir qu’en la nostre nous ne craignions point les mousquetades, nous allames pour nous en faire tirer ; mais les ennemis nous laisserent approcher sans nous tirer, de telle sorte que pour ne vouloir point retourner que nous n’eussions veu de leur feu, nous marchames jusques sur le bord de leur fossé. Ils ne tirerent point. Quand nous vismes leur silence, nous rompimes le nostre et leur criames des injures. Ils nous en respondirent, mais jammais ne tirerent. En fin apres avoir assés longtemps parlé ensemble comme sy nous eussions esté de mesme party, nous nous retirames, et eux ne nous tirerent jammais.

Je revins souper comme le jour precedent cheux le president de Chevry avesques Mrs de Rohan et le comte d’Auvergne : c’estoit le lundy 24me d’avril, qu’il arriva un des commis dudit president comme nous soupions, lequel luy dit a l’oreille que le mareschal d’Ancres avoit esté tué le matin. Il s’estonna fort a cette nouvelle et la dit a Mr le comte d’Auvergne au dessous

    decin de Charles IX, et de Jeanne Richer, fut conseiller d’État, intendant et contrôleur général des finances, président en la chambre des comptes de Paris et greffier des ordres. Il mourut le 18 septembre 1636.

  1. Il y avait aux précédentes éditions : voulu.