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journal de ma vie

Sainte-Offange tua Roquemengarde, gentilhomme provençal, et s’estant retiré a nostre logis, nous le sauvames dans les Minimes, et de la cheux le cardinal Montalte[1].

Peu de temps apres Pasques nous partismes de Romme pour aller a Florence ou nous demeurasmes a apprendre nos exercices, moy sous Rustico Picardini a monter a cheval, et mon frere sous Lorensin : pour les autres exercices nous eumes mesmes maitres, comme messer Agostino pour danser, messer Marquino pour tirer des armes, Julio Parigi pour les fortifications, auxquelles Bernardo de la Girandole quelquefois assistoit, et nous enseignoit aussy : nous les continuames tout l’esté, et vismes aussy les festes de Florence, comme le calcho, le paillo[2] de la course des chevaux, les comedies, et quelques noces dedans et dehors le palais. Puis apres la Toussaints, je fus à Pratolin porter les premieres nouvelles au grand duc de la prise d’Amiens[3]. De la nous allasmes par Pistoya, Pise, et Luques à Livorne ; et estans revenus a Florence, nous primes congé de Leurs Altesses, et nous acheminames à Bolongne ; puis par la Romaigne, Fayensa[4], Imola, Forli, Pesaro, Sinigalla et Ancone, nous arrivames la veille de Nouel à Nostre Dame de

  1. André Peretti, dit Montalte, évêque d’Albano et de Frascati, cardinal de la promotion de 1596, mort en 1621.
  2. Le calcio est un jeu de ballon particulier à la ville de Florence. — Le palio est une étoffe de soie que l’on donne comme prix de course, d’où l’on dit : courir le palio.
  3. La garnison espagnole d’Amiens avait capitulé le 19 septembre 1597.
  4. Faenza. — Sinigaglia.