Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
1597

embrassa avesques grande tendresse, nous assurant qu’il avoit aymé mon pere comme son propre frere, et que c’estoit le plus noble et franc cavalier qu’il eut jammais connu ; qu’il ne nous traiteront pas seulement comme personnes de qualité, mais comme ses propres enfans : ce que veritablement il executa depuis par tous les tesmoignages d’affection et de bonne volonté dont il se peut imaginer. J’appris a monter a cheval sous Jean Baptiste Pignatelle ; mais au bout de deux mois son extreme vieillesse ne luy permettant plus de vaquer soigneusement a nous instruire, et en remettant l’entier soin à son creat[1] Horatio Pintaso, mon frere demeura toujours a son manesge ; mais pour moy, je m’en retiray, et vins a celuy de Cesar Mirabbello, quy le tenoit proche de la porte de Constantinople. Je fus aussy, la mesme année, voir les singularités de Bayes et de Putsolle, et l’année suyvante 1597 mon frere eut la petite verolle, et moy en suitte : apres que nous en fusmes gueris, nous partimes de Naples en caresme, et revinsmes à Romme logés en un petit palais quy est dans la place de Santa-Trinita, tirant vers les Minimes.

Mr le duc de Luxembourg[2] vint ambassadeur ordinaire du roy vers Sa Sainteté[3].

  1. Créat, sous-écuyer d’une académie d’équitation.
  2. François de Luxembourg, duc de Piney, second fils d’Antoine de Luxembourg, comte de Brienne et de Ligny, etc., et de Marguerite de Savoie-Tende ; mort le 30 septembre 1613.
    Le duc de Luxembourg, envoyé comme ambassadeur à Rome après la réconciliation du roi avec le Saint-Siège, y fit son entrée le 16 avril 1597.
  3. Le pape alors régnant était Clément VIII (Hippolyte Aldobrandini), élu en 1592, mort en 1605.