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préliminaire.

eslevé avesques les enfans de France ; laissa l’administration de la Lorraine au comte de Vaudemont : et mon grand pere, François de Bettstein, quy s’estoit retiré en Vosges avesques quelques trouppes, estant venu à Rosieres sous un sauf conduit, pour traitter avesques le mareschal de SaintAndré[1], il fut conclu qu’il remettroit ce qu’il tenoit en Vosges entre les mains du roy, qu’il sortiroit de la Lorraine avesques les trouppes qu’il y avoit, sans y pouvoir plus rentrer, et que pour asseurance plus grande, il donneroit un de ses enfans en ostage, moyennant quoy la jouissance de ses biens luy seroit accordée ; ce qu’il fit, et y envoya le plus jeune de trois qu’il avoit, nommé Christofle de Bettstein, mon pere, quy estoit lors page d’honneur du duc Charles Emanuel de Savoye[2] : et luy, se retira aupres de son maitre l’empereur Charles, avesques lequel il revint au siege de Mets, estant colonel de 3000 lantsquenets. Puis le siege estant levé, et l’empereur ayant remis ses estats entre les mains de son fils unique le roy d’Angleterre[3], depuis nommé Philippe deusieme, roy d’Espaigne, ledit empereur retint pour l’ac-

  1. Jacques d’Albon, marquis de Fronsac, seigneur de Saint-André, fils de Jean d’Albon, seigneur de Saint-André, et de Charlotte de la Roche, maréchal en 1547, tué à la bataille de Dreux, en 1562.
  2. Le duc Charles-Emmanuel n’était pas encore né à cette époque. Comme Bassompierre le dit plus loin avec plus d’exactitude, c’était auprès d’Emmanuel-Philibert, son père, que le jeune Christophe était élevé. Emmanuel-Philibert n’était même pas encore duc de Savoie : il succéda seulement le 16 septembre 1553 à son père Charles III, beau-frère de Charles-Quint.
  3. Philippe avait épousé, le 25 juillet 1554, Marie, reine d’Angleterre. Il monta sur le trône d’Espagne en 1556, par la cession de son père.