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appendice.

Duc de Lorraine en a aux siennes, estant persécutée à droict ou à tort, je ne l’examine pas icy, car ce n’est pas le lieu, eut recours à elle, comme Regente, en la fin de l’année mil six cens dix, et offroit de resigner son Abbaye à qui il luy plairoit, pourveu qu’elle fust asseurée de quelque raisonnable pension, pour son entretenement, le reste de sa vie. La princesse de Conty, qui estoit passionnée pour la grandeur de sa maison, et le mareschal de Bassompierre, qui est Lorrain de naissance, obtindrent de la Reyne qu’elle l’abandonnast, et permist qu’elle fust enlevée par le Ringrave son frere, qui l’emmena en Lorraine : où elle fut contrainte de resigner son Abbaye à une sœur du Duc qui estoit lors, sans qu’il y ayt plus d’apparence que cette Abbaye sorte de leur maison, en laquelle ils la conserveront pour faire oublier l’usurpation qu’ils ont faite de sa souveraineté : et c’est une Abbaye qui estoit bien importante à la France, et qui estendoit ses limites bien avant vers l’Allemaigne. »

Mais Saint-Germain, dans ses « Reparties sur la response à la tres-humble, très-veritable et très-importante remonstrance au Roy », imprimées en 1632, répondait ainsi à ce reproche :

« Plusieurs sçavent la vie scandaleuse de cette Abbesse : la France n’avoit point ny droict ny d’interest en la resignation de l’Abbaye : sa souveraineté n’est pas perdue, et demeure separée, encore qu’elle soit dans la maison de Lorraine. »

Du reste Élisabeth avait, dès l’année 1610, résigné ses fonctions à Catherine de Lorraine, sœur du duc Henri.

Malherbe dans sa lettre du 4 juillet racontait ainsi ce fait :

« Je crois que vous avez su que Mme de Remiremont, sœur du landgrave, qui etoit en cette ville (à Paris) il y avoit fort longtemps, fut, par la menée de ses parents, qui n’étoient pas contents de sa vie, enlevée dans un carrosse le 15e du passé ; on l’amène chez un sien beau-frère. »