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appendice.

des sieurs de la Roche-Guyon et Chantelou, comme ils n’ont eu volonté que de luy demeurer loyaux sujets, et de se faire connoitre en toutes occasions fort esloignés de l’accusation que l’on leur a voulu mettre qu’ils ayent eu en l’esprit de faire entreprise d’esmouvoir le peuple a rebellion, a esté fort content d’entendre ces choses, et pretend faire sentir sa benignité aux dits sieurs de la Roche-Guyon et Chantelou toutes et quantes fois qu’ils voudront se retirer vers Sa Majesté, ainsy qu’il est bien raisonnable pourveu qu’ils montrent avoir toute bonne devotion de demeurer loyaux et fidels sujets ; et a donné charge audit sieur de Bassompierre de porter cette parole et assurance de sa part à Monsieur de Lorraine ; il leur pourra aussy declarer sous semblable assurance qu’ils pourront se retirer vers Sa Majesté pour leur pardonner s’ils ont fait choses qui ayent pu luy desplaire ; ou bien pour luy faire toute autre remontrance et requisition sur ce qu’ils aviseront estre pour le mieux, ce qu’ils pourront faire en toute seureté sans crainte d’estre molestés, inquiettés, ny travaillés en quelque sorte que ce soit en vertu des poursuittes qui ont été commencées contre eux, et comme ils peuvent bien sçavoir ont esté discontinuées par le commandement de Sa Majesté depuis quelque temps ; et seront du tout absous pour l’avenir, et s’il est besoin, ledit sieur de Bassompierre donnera parole et asseurance aux sieurs de la Roche-Guyon et Chantelou de ce que dessus de la part de Sa Majesté qu’estant arrivés près d’elle, ils la connoitront pleine de bonté et de clemence en leur endroit, et qu’en tout et partout, elle leur fera connoitre combien elle veut leur estre bon roy et maître. »


Cette pièce porte dans le Mémoire la date du 22 mars 1580 ; mais d’après le récit de Bassompierre, nous devons la rapporter au 22 mars 1587 : c’était en effet à la fin de 1586 et au commencement de 1587 que les ligueurs avaient fait en Picardie et en Normandie quelques mouvements auxquels MM. de la Roche-Guyon et de Chantelou avaient sans doute pris part. Christophe de Bassompierre lui-même quitta Paris vers cette époque avec le duc de Mayenne, à la suite de la découverte d’un complot formé pour s’emparer de la personne du roi.