Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
journal de ma vie

de premier gentilhomme de la chambre en faveur de Mr de Souvré, ç’avoit esté a condition de suppression, mort avenant ; a quoy elle s’estoit engagée a Mrs le Grand, et de Boullon de quy Mr le marquis d’Ancres l’avoit eue[1] ; et que sans leur consentement elle ne le pouvoit permettre. J’ai dit ce que dessus pour esclaircir ce que je diray en suitte.

Pendant mon sejour a Rouan les ministres quy avoint veu que le marquis d’Ancres avoit soustenu le choc de l’affaire de Maignat, et en estoit heureusement sorty, se persuaderent que sa faveur estoit sy grande aupres de la reine qu’en fin elle les opprimeroit, et se resolurent de s’accommoder avesques luy s’ils voyoint jour de le pouvoir faire. Mr le president Jannin en mit le premier les fers au feu, proposa a la reine de faire que messieurs le chancelier et de Villeroy fussent unis et en bonne intelligence avec Mr le marquis d’Ancres, (car pour luy, il avoit toujours esté entre eux le benin temperament) ; que ce seroit le bien de son service et le repos de la court. La reine receut cette proposition avec joye, luy respondit qu’elle le desireroit, et qu’il y travaillat. Allors il proposa le mariage de la fille du marquis d’Ancres[2] avesques le marquis de Ville-

  1. Le marquis d’Ancre ayant traité avec le duc de Bouillon de la charge de premier gentilhomme de la chambre, les engagements pris par la reine envers le duc de Bouillon la liaient vis-à-vis du marquis d’Ancre.
  2. Marie Concini, fille de Concino Concini, marquis d’Ancre, et de Leonora Dori, dite Galigai : elle fut baptisée à Saint-Sulpice en 1608, et mourut enfant, peu de temps avant la catastrophe qui termina la fortune et la vie de ses parents.